Interview: Présentation Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal / Spannabis 2017

Pendant les World Cannabis Conférences de la Spannabis 2017, nous avons parlé avec 3 membres importants de l'Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal : Carola Pérez (la Présidente), Guillermo Velasco et Mariano García de Palau, qui nous ont fait un résumé de leur projet et de la situation actuelle du cannabis au niveau médicinal ou thérapeutique...

Alchimia Growing Happiness.

Spannabis 2017. Transcription de l'interview:

Txus / Alchimia :
Nous sommes à la Spannabis, à l’intérieur des World Cannabis Conferences. Cet après-midi, nous avons pu suivre la présentation de l’Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal (OECM), effectuée par Guillermo Velasco, Carola Pérez et Mariano García de Palau.

Ils font tous les 3 partie de l’équipe de direction de l’Observatoire, dont Carola est la présidente pour ainsi dire.

Un volontaire pour m’expliquer un peu ce que représente l’Observatoire et ses fonctions ? Guillermo par exemple…

Guillermo Velasco :
L’Observatoire est une entité qui a été fondée, comme je l’ai dit avant, par des patients, des docteurs et des chercheurs, pour inciter à l’utilisation thérapeutique des cannabinoïdes, notamment en Espagne.

Et il s’agit simplement de regrouper les témoignages de patients qui ont réellement besoin du cannabis et qui utilisent déjà des dérivés pour soigner leurs maladies. Souvent, car ils n’ont pas d’autres options. Les témoignages de médecins qui cherchent aussi à aider vraiment les patients, pour qu’il existe un modèle de la façon de prendre des cannabinoïdes, et ensuite les chercheurs, pour que d’une certaine façon nous soyons capables d'expliquer sur une base physiologique les effets thérapeutiques des cannabinoïdes.

Nous nous sommes donc regroupés, grâce à l’initiative de Carola, qui est réellement la « mère nourricière » de l’Observatoire. Ce serait impensable sans elle, et c’est elle qui nous a poussé à agir ensemble pour essayer de faire changer les choses dans le pays. Des changements pour que les gens aient plus de connaissances sur les propriétés thérapeutiques des cannabinoïdes et sur la façon dont ils peuvent être utilisés.

Il faut également que cela se répercute sur un changement législatif qui permette aux patients d’avoir un réel accès légal et contrôlé pour le cannabis thérapeutique et pour les médicaments composés par les principes actifs du cannabis en général…

Txus / Alchimia :
Nous parlons ici de trois niveaux : les chercheurs, les patients et les docteurs… commençons par le cas de Carola par exemple, qui est la présidente de l’Observatoire.

Elle a commencé également avec « Dos Emociones », qui était la plateforme des patients utilisateurs de cannabis thérapeutique, c’est ça ?

Carola Pérez :
Oui, nous avons créé l’Association, mais nous ne distribuons pas de cannabis, c’est très important à préciser.

C’est un projet que j’ai créé avec mes parents, parce que si nous avions ou si j’avais connu le cannabis avant, j’aurais probablement économisé les 10 opérations provoquées par les neuro-stimulateurs.

Donc, mes parents ont également dit, si nous pouvons éviter que d’autres personnes passent parce que j’ai vécu en tant que patient, d’un point de vue de parents, c’est tout à fait compréhensible, et nous allons donner une formation aux patients.

Chez « Dos Emociones » nous conseillons, informons, et, en suivant les conseils du médecin, nous aidons les patients à trouver ce qu’ils cherchent.
Parce qu’il ne faut pas oublier que les patients sont dans une situation d’insécurité juridique, d’insécurité sanitaire, il y a beaucoup de stigmatisation, de peur, et ce sont surtout des gens qui sont dans des situations très graves.

Autrement dit, ce ne sont pas des patients avec des migraines, nous aidons des gens à mourir, et Mariano peut le dire, comme agent palliatif. Avec des enfants condamnés, avec de nombreux… j’étais moi-même condamnée… « Dos Emociones » est donc né de cet apprentissage du CBD, du THC, de comment consommer, quelles sont les quantités nécessaires… je ne connaissais pas le système endocannabinoïde, je ne connaissais pas les températures pour vaporiser… cela peut sembler basique, mais les patients ne connaissent pas cela.

Donc ce que nous faisons c’est cela, recevoir le patient, tout lui expliquer, et partager également entre patients. Nous avons des groupes de patients selon les maladies, nous faisons des réunions… à partir de là est apparue l’idée de dire, bon on va faire un petit pas en avant.

Comment faire pour avancer ? Et bien, en étant accompagné par les gens qui savent, les médecins et les chercheurs, bien entendu.

Txus / Alchimia :
Oui, tu disais que nous ne savions pas ce qu’était le système endocannabinoïde, nous ne savions pas non plus les dosages à utiliser, nous ne savions pas comment vaporiser, le Sativa et l'Indica.

Mariano, il y a ici une méconnaissance générale surtout au niveau du secteur sanitaire espagnol, au sujet du système endocannabinoïde et de sa façon de fonctionner, non ?

Mariano García de Palau :
Absolument. Rappelez-vous il y a 4 ou 5 ans, lors d’une interview semblable à celle-ci, 5 ans après, on ne mentionne toujours pas le système endocannabinoïde lors des études de l’Université Centrale de Barcelone, où j’ai étudié la Médecine.

Alors que de nombreuses choses ont changé depuis ce temps. Il y a des choses qui n’ont pas bougé, comme ce que nous sommes en train de commenter, mais d’un autre côté il est vrai que le monde cannabique, la science cannabique a évolué énormément ces 4 dernières années, comme le disais Carola juste avant.

Le CBD est une molécule que nous utilisons depuis peu, 4 ou 5 ans, même si nous l’avions avec nous depuis beaucoup plus longtemps, nous ne le savions pas… mais, avec tout cela, nous avons créé une base de connaissance qui, je pense, est très importante car ce sont avec les bases de la connaissance que nous pourrons permettre à tout cela de se propager…

Txus / Alchimia :
Tout à fait. L’un des objectifs dont vous avez parlé durant la présentation est précisément la standardisation des produits, des huiles, des extractions de CBD et de THC, promouvoir la recherche, aller voir les docteurs et les médecins… autrement dit, il y a beaucoup de travail à faire, du côté scientifique et du côté de la recherche.

Mariano García de Palau :
Bien sûr, je pense qu’il est très important que l’information soit transmise. D’ailleurs, avec Carola, avec Guillermo, avec tout le groupe de chercheurs, avec tous… nous avons pensé qu’il était très important, même d’un point de vue planétaire, de pouvoir obtenir une base de données, que nous soyons tous en contact.

Tous ceux qui travaillent sur les cannabinoïdes… les personnes qui font des recherches, c’est marrant, parce que je crois que les chercheurs sont plus en contacts entre eux fréquemment. Au contraire, nous les médecins ne sommes pas en contact, il semble que tu n’expliques pas cela, que si tu l’expliquais ce serait… il y aurait plus de gens qui… au sujet de la santé, l’information est un patrimoine de tous.

L’information privée pour la santé est un crime. Je pense donc qu’il est très intéressant de transmettre et d’échanger entre nous. Transmettre aux institutions et au secteur social, qui n’ont pas d’informations cohérentes, qui ont des informations qui ne sont pas véridiques, elles sont biaisées, et à partir de là, chacun va lire, s’informer, choisir et suivre.

Il n’y a pas de plus grand problème que celui là, je crois.

Txus / Alchimia :
Nous connaissons la stigmatisation liée à cette plante, et l’un des points sur lesquels l’Observatoire est également en train de travailler c’est sur la légalisation, au moins au niveau thérapeutique, du cannabis.

Dernièrement, nous avons beaucoup discuté avec des groupes politiques, Carola, tu étais avec eux, elle est allée au Congrès. Elle a présenté, ils ont présenté, avec le groupe de parlementaires de Cuidadanos, une proposition de loi, et tu étais avec eux. Quel feedback as-tu reçu des politiques ?
Comment penses-tu que va avancer cette proposition durant les prochains mois ?

Carola Pérez :
Le feedback est bon de notre côté, nous leur avons bien expliqué. L’une des choses que nous apprenons ces derniers temps, c’est que souvent les politiques n’ont pas l’information. Et quand tu arrives et que tu leur expliques pourquoi tu as besoin d’un vaporisateur, ou pourquoi l’huile Indica est conseillée pour dormir et une Sativa pour aider un peu au niveau de l’état d’humeur, ils commencent à comprendre.

Mais si personne ne leur explique, c’est très difficile. Donc, au niveau humain, nous avons vu des politiques avec les larmes aux yeux, c'est-à-dire, qu’ils se sont rendu compte : « Mon dieux …, cela ce passe vraiment ? » Ensuite, il faut voir une chose, c’est le politique au niveau personnel d’un côté, et de l’autre le parti politique. Les intérêts qu’ils peuvent avoir, ou la ligne politique qu’ils suivent. Mais, nous sommes vraiment très surpris et nous pensons que les choses vont avancer et nous devons voir comment, de quelle façon, étudier les modèles… mais ils ne nous ont laissé aucune option.

Txus / Alchimia :
C’est très bien. Imaginons que le projet se concrétise… comment l’imaginez-vous fonctionner ? Quel sera le processus, la façon de faire évoluer les choses ?

Guillermo Velasco :
Oui, il faut qu’on éclaircisse les détails. Commencer à discuter c’est une chose, une autre est réguler, et de comment le faire. Comme nous le disions avant, l’idéal serait bien sûr qu’il y ait une régulation de la production de cannabis, que ce soit par des entreprises privées ou même de façon gouvernementale, mais bon, qu’il y ait une licence qui autorise la production et l’élaboration des produits dérivés de la plante.

Cela peut être plus, par exemple si quelqu’un va dans un pays comme les Etats-Unis, au Colorado, il est possible d’avoir différentes options d’utilisation, en fonction de ce que l’on souhaite, même pour des fins thérapeutiques.

Que cela se voit, que soit régulée également la distribution, autrement dit, ce sera en pharmacie, dans des dispensaires thérapeutiques. Il y aura des magasins spécialisés, ou par exemple un patient devra ou non avoir un carnet d’utilisateur de cannabis médicinal, ou bien à l’endroit qui lui a délivré son ordonnance, ou une application spécifique qui puisse lui vendre une préparation déterminée.

Effectivement, tout cela il faut le définir…

Txus / Alchimia :
Parce que la proposition est simple. Quels sont les points basiques de cette Proposition de loi présentée au Congrès ?

Carola Pérez :
Ce sont les 4 présentés. Depuis la standardisation du produit jusqu’à la régulation du Cannabis et de ses dérivés. Et à présent, et bien voilà, nous devrons… c’est que, l’Observatoire observe. Le plus important c’est que nous observions ce qui se passe dans d’autres pays, que nous récupérions les bonnes choses, et que nous puissions établir un modèle.

Mais pour le moment nous sommes toujours dans le débat de savoir si oui ou si non. Autrement dit, prenez en compte que cela va être une longue bataille. Pour le débat il manque encore du temps, il reste de nombreuses réunions politiques et pour le moment, le premier pas c’est qu’ils nous disent : « je te donne du Sativex gratuit ? » Et que tu répondes « non ».

Il faut donc pour le moment casser ce premier mur, ensuite il y aura le mûr suivant, qui est de voir comment et enfin il faudra étudier les modèles, voir quel modèle est le meilleur. En Espagne il y a également des réalités qui n’existent pas dans d’autres pays, donc, tout est différent et l’Observatoire avance comme il peut et nous allons essayer.

Notre idée est que tout progresse. C'est-à-dire, que le patient puisse cultiver, que le patient puisse aller vers un Club ou un Dispensaire, qu’il puisse l’obtenir dans une pharmacie et qu’ils lui donnent aussi facilement un vaporisateur qu’un neuro-stimulateur. Parce que c’est un outil thérapeutique pour moi. C’est un modèle, donc c’est clair, nous avons beaucoup de choses en tête, nous devons donc arrêter de penser un moment, voir ce qu’il s’est passé dans d’autres pays, le pour et le contre, il reste beaucoup de choses.

Il reste de nombreux débats entre nous et avec les politiques, parce que peut être que nous souhaitons une chose et que nous obtiendrons moins, ou plus…

Txus / Alchimia :
Je pense que nous espérons tous que les choses avancent dans le bon sens. Nous avons également de nombreuses espérances, comme vous et nous avons vraiment envie que le modèle idéal arrive bientôt.

Merci beaucoup Mariano, Guillermo, Carola pour nous avoir reçu, et nous vous souhaitons bonne continuation avec votre projet.

Carola Pérez :
Merci à vous pour le soutien que vous nous apportez.
 

Guillermo Velasco :
Merci, merci beaucoup

Txus / Alchimia :
Une embrassade Mariano…

Mariano García de Palau :
Merci à vous. Comme toujours !!

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