Interview de Zara Snapp - ExpoGrow2016

Durant la dernière édition de l'ExpoGrow d'Irun de 2016 nous avons interviewé Zara Snapp. Nous vous présentons l'interview que nous avons réalisée sur le Stand Alchimia.

Transcription de l'interview de Zara Snapp:

Zara Snapp consultante et représentante de la Commission Global de politique en matière de drogues des Nations Unis. Zara possède une licence en Science Politique de l’Université du Colorado, elle possède également un master en Politique Publique de Harvard, auteur du livre « Dictionnaire des Drogues » son travail consiste au développement de la stratégie de communication en Amérique Latine, au niveau de la reforme international de la politique en matière de drogues.

Bonjour Zara.

Bonjour, merci.

La première question est un peu polémique. Au niveau international, en quoi la société à profiter de la « guerre contre les drogues » lancé par Nixon dans les années 70 ?

Je crois qu’uniquement quelques personnes en ont profité. Ce que nous avons vu ce sont des dépenses énormes dans de nombreux pays avec cette guerre lancée par Nixon.

Ce que nous avons pu voir c’est une augmentation de l’industrie carcérale, des armes, de la militarisation, de la sécurité privée… donc oui, il y a une augmentation, une explosion pour ce type de commerce. Et ce que nous avons vu également, c’est que Nixon et tous les présidents suivants, pourront justifier des interventions dans d’autres pays, pour se concentrer sur l’offre et non la demande. Pour se concentrer sur l’éradication des cultures des plantes de cannabis, de feuille de coca ou de pavot.

Ils se sont donc centré la dessus et ils peuvent donc justifier le besoin de bases militaires en Amérique Centrale, en Colombie… ils ont pu exporter leurs politiques dans d’autres pays. Donc, aujourd’hui, je crois que les objectifs qu’ils avaient au départ non pas été atteint, même si nous le savons aujourd’hui, Nixon a commencé cette guerre dans le but de pouvoir enfermer les personnes Afro-Américaines ou d’Amérique Latine, et c’était une façon de stigmatiser ces populations, qui était à cette époque en pleine manifestation contre la guerre au Vietnam, ils altéraient leur conscience pour pouvoir mieux comprendre le monde à travers des substances et des plantes sacrées.

Il a donc essayé de les restreinte et de les contrôler… cela n’a pas fonctionné et à la place, ce que nous avons vu ce sont des violations des droits de l’homme, des éradications de cultures avec des aspertions, causant de graves problèmes pour la santé, la terre, et l’environnement.

Et ce que nous avons pu voir c’est de la violence et de la corruption dans toute l’Amérique Latine et dans de nombreux autres pays également, ce n’est pas seulement vrai pour l’Amérique Latine. Nous entendons parler davantage de cette région et oui c’est … il y a plus de violence en Amérique Latine et il est urgent de faire une réforme, car c’est le même continent que les États-Unis et nous savons que la plupart des plantes et des substances voyagent jusqu’aux États-Unis, qui est le plus grand consommateur dans le monde.

En Uruguay par exemple, où la légalisation est pratiquement totale… Tu penses que cela influence les pays limitrophes ? Tu penses que le fait d’être à Côté de l’Uruguay, que cela peut fonctionner comme des vases communicants ?

On pourrait penser que cela aurait un impact, mais l’Uruguay a volontairement fait une régulation qui n’inclut pas le tourisme, même si nous savons qu’il va y avoir du tourisme, et je crois que quand on pense à une régulation, il faut penser a quel type de personnes vont venir à cet endroit pour consommer, on le voit en Hollande et aux États-Unis, qui ont régularisé le cannabis.

J’espère donc qu’on pourra voir un effet là où nous avons des évaluations et que nous pourrons surveiller ce qui se passe dans les pays qui ont régularisé de façon libre comme la Hollande ou de façon plus strict comme l’Uruguay, pour que nous puissions avoir ces résultats, et pouvoir continuer à faire des réformes. Mais ce que l’on a vu en Uruguay, malheureusement, c’est que si deux voix d’accès existent, l’auto-culture et les Clubs fonctionnent, et toute se passe bien, mais la vente en pharmacie, qui est la façon de démocratiser l’accès pour que n’importe quelle personne adulte, puisse consommer, ne fonctionne pas, car il y a eu un contrôle très strict de l’État.

Et c’est ainsi parce que c’est le contexte, ils en ont besoin ainsi, nous avons donc le modèle de l’Uruguay et nous avons le modèle du Colorado et je crois qu’entre les deux… celui de l’Espagne, avec les Clubs et la Hollande. Mais de tous ces modèles il y a beaucoup d’opportunités pour développer des politiques publiques qui fonctionnent pour chaque pays, qu’il soit possible d’intégrer certaines choses, comme pour le Mexique quelque chose d’important c’est la réparation des dommages aux victimes de la guerre contre les drogues.

Je crois donc qu’il y a un impact quand le pays prend des décisions et espérons que cela se répercute au niveau Régional.

Et depuis les Nations-Unis, qu’est-il possible de faire pour que les Gouvernements s’occupent des pétitions des utilisateurs, des patients cannabiques?

Les Nations-Unis se déplacent très lentement. Ils ne sont pas… chaque chose qu’ils font, et encore plus au niveau international, c’est par consensus. Donc, eux aujourd’hui ce qu’ils font ce sont des avancé très limitées.

La meilleure chose que nous puissions faire c’est accompagner les processus nationaux et s’assurer que les pays, depuis le bas, disons depuis les bases, sentent la pression pour faire des changements fondamentaux dans leur législation..

Et à partir de là nous allons voir un abandon des conventions et les restrictions des conventions, parce que nous savons que ce n’est pas uniquement l’utilisation médicale. Il y a également une utilisation personnelle et thérapeutique très importante, et nous pourrions ajouter que la définition de l’utilisation thérapeutique s’est amplifié, que ce n’est pas seulement les personnes qui ont des maladies… si tu rentres le soir chez toi et que tu fumes du cannabis à la place de boire deux verres de vin pour te détendre, c’est aussi une utilisation thérapeutique.

Donc au niveau des Nations Unis nous avançons très lentement. Ce que nous voyons par contre c’est qu’au sein de l’Organisation Mondial de la Santé il existe un groupe d’experts qui vont revoir le cannabis, et cela à la demande des Etats membres.

Nous disons que quoi qu’il arrive aux Nations Unis cela doit venir des Etats membres. Ce qui pourrait donc être intéressant dans les années qui viennent, maintenant qu’il est reconnu que la prohibition ne fonctionne pas, et je crois que cela à été reconnu définitivement durant la session spéciale des Nations Unis « UNGASS » en avril de cette année, ce que nous devons donc voir c’est comment il pourrait y avoir des accords bilatéraux, trilatéraux, entre pays ?

Imagines si le Canada, qui souhaite réguler tout le marché… Le Canada, la Jamaique, l’Uruguay et la Colombie pourraient conclure des accords pour partager des graines ou pour partager les bonnes techniques.

Et je crois qu’à ce niveau nous allons voir des changements internationaux … nous ne pouvons pas penser que nous allons pouvoir construire un nouveau consensus qui inclu ces nouveaux modèles dès maintenant. Et cela parce que tu as la Russie, le Pakistan, l’Indonésie, les Philippines… qui implémentent des politiques très conservatrices, donc, cela restreint les changements possibles au niveau international. Et c’est beaucoup plus facile de maintenir la prohibition et le statu quo, que de proposer quelque chose de nouveau… et cela touche les pays réformistes.

Mais c’est pour cela que je crois qu’au niveau des Nations Unis nous n’allons pas voir de grands changements, mais nous pouvons faire des études, il pourrait sortir une nouvelle étude de l’Organisation Mondial de la Santé où il est écrit : « Oui, il y a différentes utilisations, et nous le savons… » et prouver une nouvelle fois que le cannabis n’est pas aussi mauvais que ce qui est écrit dans les livres d’histoires, où comme l’a prétendu Nixon. Je crois que nous savons déjà que les choses ne fonctionnent pas ainsi... et aussi, que les gens doivent l’essayer parfois, pour comprendre comment est la plante. Parce que du moment que tu ne l’as pas goûté. Des gens vont dire « ça te rend fou, ou cela peut t’arriver… » et tu sais où nous voyons ce problème ? Quand tu fumes du cannabis « synthétique ».

Le cannabis « synthétique » ne doit pas exister ! Ce n’est pas nécessaire …  en Nouvelle Zélande ils consomment beaucoup de cannabis Synthétique fabriqué en Chine ! Ils commandent par internet, comme ils sont sur une île et que la culture est sévèrement punie.

Et c’est très dangereux en plus, non ?

C’est très dangereux !! Donc c’est comme, mais pourquoi cela existe ? Pourquoi il existe toutes ces nouvelles drogues synthétiques ? c’est parce qu’ils n’ont pas l’accès à ce qu’il souhaite… parce qu’en fin de compte, n’importe quel utilisateur souhaite s’assurer de ce qu’il va mettre dans son corps que ce soit de bonne qualité, et c’est tout. Et c’est sûr, nous le faisons déjà avec les habits que nous nous mettons, je souhaite manger de la nourriture organique… mais également ce que nous souhaitons consommer, faire, avec les substances.

Donc je souhaite que ma MDMA soit analysée par Energy Control, ou une autre organisation, et que je puisse savoir avec exactitude ce qu’elle contient. Et ce que je vais sentir ? Et que la première fois que je vais la consommer, ils me disent : « attends trente minutes et après tu sentiras cela, et ceci pourrait se produire… et hydrate toi bien… »

Donc, l’important c’est la réduction des risques et la façon dont nous pouvons limiter les risques pour le consommateur, augmenter les bénéfices, et également réduire les dommages des politiques. Donc pour nous la réduction des risques ce n’est pas seulement la consommation, mais quels sont les dommages actuels, les coûts de cette guerre, et comment nous pouvons les réduire…

Nous verrons s’il y a un peu plus de sens logique. Zara merci beaucoup, a bientôt dans le forum.

Merci à vous, Bonne chance et félicitations pour vos 15 ans. Merci, oui.

Merci beaucoup.

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