1ère conférence sur l'utilisation thérapeutique du Cannabis à Figueres (Partie 1 sur 4)

Présentation par Oscar Pares, sous-directeur de la Fondation ICEERS - La Fondation Alchimia Solidaria a organisé la 1ere Conférence sur l'utilisation thérapeutique du cannabis à Figueres, qui s'est déroulée le 8 novembre 2016 à la salle "La Cate" avec le soutien de la Fondation ICEERS. Plus de 100 personnes sont venues, sur entrée gratuite, pour écouter le Dr Joan Pares et le Dr José Carlos Bouso, deux membres de l'Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal (OECM).

Transcription de la présentation de la Conférence :

Ramon Camps, de la Fondation Alchimia Solidaria

Bonjour,bonjour… Bonsoir tout le monde. Pour les personnes qui ne nous connaissent pas, nous sommes David Saulina et Ramon Camps, président et vice-président de la Fondation Alchimia Solidaria. Nous souhaitons tout d’abord vous remercier pour votre présence et excuser le Docteur Mariano Garcia de Palau, qui ne peut pas être présent aujourd’hui. Il est malade, mais nous espérons pouvoir compter sur lui lors d’une future journée de conférences.

Il s’agit du dernier événement que nous ferons pour célébrer le 15eme anniversaire d’Alchimia, et durant ces 15 années de nombreux événements bénéfiques ont eu lieu pour le cannabis thérapeutique…

David Saulina, de la Fondation Alchimia Solidaria

Dans notre boutique nous avons vu passer des gens qui ont pu transformer leur souffrance en une situation beaucoup plus supportable. Le cannabis ne fait pas de miracles, mais dans certains cas et pour certaines pathologies il peut aider, et avec moins d’effets secondaires que les médicaments qui sont distribués par la médicine conventionnelle.

Pour revenir à la réalité, durant ces 15 années, comme le disait Ramon, les choses ont beaucoup changé. Et le plus fort c’est que le cannabis trouve, ou retrouve la place qu’il aurait du avoir depuis toujours, d’où il n’aurait jamais dû être déplacé, de l’armoire à pharmacie de nombreuses personnes.

Même si, dans de nombreux pays il est toujours très pénalisée et il est parfois très difficile d’avoir accès à ce médicament, les preuves scientifiques des qualités thérapeutiques du cannabis sont toujours plus évidentes et c’est clair que tout cela doit emmener vers une légalisation de la consommation du cannabis, pour l’usage médicinal mais également ludique.

Ramon Camps...

Nous avons le plaisir de vous présenter Oscar Parés, sous-directeur de la Fondation ICEERS de Barcelona, que nous remercions pour avoir accepté le rôle de modérateur, qui s’est proposé pour être modérateur de ces présentations qui seront réalisées par le Dr. Joan Parés et le psychologue et Docteur en pharmacologie José Carlos Bouso.

David Saulina...

Le Docteur Mariano Garcia de Palau devait nous parler d’un sujet très en vogue au jour d’aujourd’hui, le CBD nous aborderons tout de même le sujet avec le Dr.José Carlos Bouso qui est également un expert en pharmacologie.

Merci beaucoup d’être venu, merci également aux docteurs d’être venu faire cette présentation, et voilà, Oscar c’est à toi… merci.

Oscar Parés, sous-directeur de la Fondation ICEERS

Merci beaucoup à David et Ramon. Laissez-moi commencer avec une petite confession, aujourd’hui je me sens en famille, en effet j’ai la chance qu’ils nous aient demandé, à moi personnellement et à notre fondation, à la fondation pour laquelle je travails, de collaborer dans cette présentation. Parfois cela représente une responsabilité, mais aujourd’hui je le vois plutôt comme une célébration et vous comprendrez pourquoi.

Dans un premier temps, la personne qui est à ma droite, José Carlos Bouso, est un compagnon de travail et un ami depuis de longues années, et encore à droite, le Dr. Joan Parés qui est mon père… et ici, au premier rang se trouve ma mère et ma compagne, voilà pourquoi je me sens en famille.

Je veux également dire que d’une certaine façon, Ramon et David sont très proches parce que ça fait longtemps maintenant que nous collaborons ensemble et nous avons toujours eu de bons contacts. Pas uniquement au niveau personnel, mais également à travers les institutions que nous représentons chacun de notre côté, c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui.

Parce que la Fondation Alchimia et la Fondation ICEERS partage une série d’objectifs, de lignes de travail, et concrètement dans le monde du cannabis, ça fait maintenant 3 ans que nous travaillons ensemble et quand ils organisent quelque chose nous essayons d’être là et vice-versa… nous savons également que nous pouvons compter sur leur inestimable aide et enthousiasme surtout, quelque chose de très appréciable.

Et voilà, ce que nous faisons ici aujourd’hui est un acte qui n’est pas nouveau dans le sens que le débat sur le cannabis médicinal est quelque chose qui occupe notre société.

Nous avons toujours plus de visibilité, nous sommes invités dans des lieux toujours plus dignes et toujours plus jolies, comme c’est le cas aujourd’hui. Mais cette histoire est toujours bloquée dans une certaine contradiction. Nous avons toujours plus de connaissances sur les bénéfices mais également sur les méfaits du cannabis au niveau scientifique, il y a toujours plus de gens qui l’utilisent, et pourtant il semble que la normalisation au niveau politique et juridique ne se débloque pas. Et à cause de cela, des personnes qui ont un intérêt dans le cannabis ou qui l’utilise, sentent encore qu’il existe des préjugés sur la consommation, et c’est pour cela que c’est important de nous rencontrer, le rendre visible, et parler, créer une culture.

Parce que le cannabis comme vous le savez, depuis l’année 1961, est dans la liste internationale de fiscalisation, dans les listes qui classifient les substances suivant leur dangerosité, le cannabis est dans ces deux listes, et l’une d’elles est destinée aux substances qui n’ont aucun intérêt médical… avec lesquelles il n’est pas possible d’avoir une utilisation raisonné.

Elle reste dans ces listes au niveau international et donc, il existe une persécution, des préjugés, il existe encore beaucoup d’injustice. Et justement, ce type de présentation, peuvent contraster et contribuer à cette normalité politique et institutionnelle souhaitable du cannabis.

Je voulais revenir un peu sur ce qui s’est passé en relation avec les utilisateurs de cannabis en Catalogne durant ces dernières années, car il est vrai qu’aujourd’hui il existe différents points de rencontre, une certaine connaissance qu’il est possible d’acquérir, c’est très récent tout cela … d’une certaine façon la revendication sur l’utilisation responsable du cannabis,
ou l’utilisation adulte du cannabis, qui commence à la fin des années 70.

Concrètement, nous pourrions dire qu’à Barcelone c’est d’une librairie, que vous connaissez surement tous, Makoki, que tout a commencé. La librairie Makoki est un espace où se retrouvaient les gens de la contre-culture, de la lutte antifranquiste, des gens avec l’esprit libertaire, des gens de la culture des Comics également, de toutes ces cultures un peu « marginale », et cela a représenté un espace de rencontre où les utilisateurs de cannabis, pas seulement médicaux, mais également récréatifs, ont commencé à partager toute cette information sur la culture du cannabis à domicile, sur le fait que le cannabis est une plante qui a de nombreuses propriétés… ce n’est qu’en 1991, alors que je vous ai parlé de la fin des années 70, mais c’est en 1991, que se constitue la première association de consommateurs de cannabis, l’association d’études du cannabis Ramon Santos, également à Barcelone.

Et certaines personnes qui étaient dans cette librairie Makoki, ont constitué cette association et en 1994 ils ont effectué une première plantation de cannabis, une plantation publique. Ils l’ont fait à Tarragone. Ils sont allés voir les institutions, la police locale, le juge. Ils ont dit : « nous souhaitons sortir du circuit du marché noir, nous souhaitons connaitre l’origine de notre cannabis, de ce que nous consommons. » Ils ont alors cultivé 200 plantes. Quand les plantes ont été mûres, la police nationale est entrée sans ordre judiciaire, a arraché les plantes et ils ont dû aller faire une déclaration devant le juge.

En première instance, l’audience provinciale de Tarragone a gagné le jugement, mais le procureur l’a récupéré et ils sont allés au tribunal suprême.

Durant l’année 1997, ils ont été jugés par le Tribunal Suprême et ils ont été condamnés à des peines de prison et à des contraventions, même si les peines de prison n’ont pas été très élevées, mais d’une certaine façon tous ces activistes qui venaient de cette lutte depuis si longtemps, n’ont plus pu cultiver, plus pu être autosuffisant et ils ont commencés à regarder qu’elles étaient les conditions pour continuer à avancer, dans le secteur privé. C’est donc, à ce moment qu’ils ont sortie le premier numéro de Cáñamo, que vous connaissez tous.

Le magazine Cáñamo… la première édition date de l’année 1997 et c’est la première publication de nombreuses autres publications cannabiques qui ont été publiés en Espagne. En fait, l’Espagne est l’un des pays dans lequel il existe la plus grande diversité de magazine de cannabis. Il existe 4 ou 5 magazine… il y en a eu jusqu’à 7 ou 8.

Certains d’entres eux ont commencé à ouvrir des boutiques de jardinerie pour vendre des graines de cannabis… ce que nous appelons aujourd’hui GrowShops.

En 1999, le premier à ouvrir c’est porte dans le Quartier Chinois de Barcelone, à présent le quartier du Raval, s’appelait « El Interior » (l’intérieur)… en 2004 s’est célébré la première Feria Cannabique la «Spannabis», qui au jour d’aujourd’hui célèbre son vingtième anniversaire. Ce sont 30 000 personnes qui se sont réunis et c’est la Feria la plus importante du Sud de l’Europe.

Mais tout cela possède, dans un certain sens, un fil conducteur. En 2001, il s’est passé quelque chose de très significatif. Vous le savez en Espagne, un grand nombre de personnes consommaient de l’Héroïne. Avec toute cette génération, qui a été rattrapé par cette substance et qui n’ont eu aucun type d’aide de la part des Administrations. Il a fallu attendre de nombreuses années, avant de commencer à donner de la Méthadone, à faire des échanges de seringues, etc.

Mais durant les années 80 il y avait un grand nombre de personnes avec des problèmes de VIH. La Junta d’Andalousie, le gouvernement d’Andalousie, ne sachant que faire de cette population, a demandé un rapport à des professeurs d’université de droit pénal de l’Université de Malaga. Ils ont dit : « comment pourrions faire pour donner du cannabis à ces malade du SIDA ? Pour donner une sorte de traitement palliatif à ces personnes. Et ces professeurs ont écrit un rapport dans lequel ils dessinaient un modèle d’accès au cannabis sans enfreindre aucune loi.

La Junta de Andalucía guardó este informe en un cajón, pero estos catedráticos lo publicaron en una revista de derecho penal y algunos de estos activistas, qui étaient engagés dans des Growshops, dans les magazines, les Ferias, ont dit : « Bon sang ! une nouvelle porte pour la culture collective est ouverte… »

Autrement dit, ce rapport qui était initialement prévu pour la Junta d’Andalousie a terminé dans les mains des activistes et cela a été le texte fondateur de la pratique des Clubs Sociaux de Cannabis.

Au sujet des Clubs Sociaux de Cannabis, en 2001, c’est ouvert à Barcelone le Club des dégustateurs de Cannabis de Barcelone, également dans le centre de la ville. Il était également constitué par des gens qui avaient été engagés dans ces autres expériences dont nous avons parlé avant et le chemin des Clubs Sociaux de Cannabis a commencé. Comme vous le savez, les Clubs Sociaux de Cannabis sont les institutions qui approvisionnent aujourd’hui la plupart des personnes qui recherchent du cannabis pour des raisons thérapeutiques… un peu par accident, les activistes cannabiques ont commencé à recevoir des personnes qui se dirigeaient vers ces Clubs pour des raisons thérapeutiques. Les malades ont donc trouvé d’une certaine façon, la seule porte qui était ouverte, mais ce n’est pas l’endroit où les malades…

Ils ne reçoivent pas l’attention dont ils ont besoin, les Clubs de Cannabis sont un peu limité, au moment d’offrir tous ces services. On ne peut pas leur demander beaucoup plus, pour le moment.

En 2001, une association de malades du cancer du sein, l’association Agatha de Barcelona, avec certains médecins comme le Dr. Laporte, une institution également situé en Catalogne. Ils ont poussé le Parlement de Catalogne à faire une résolution unanime, c'est-à-dire, de tous les partis du Gouvernement de Catalogne, pour demander au gouvernement de Madrid de régulé le cannabis médical.

Cela a semblé être, enfin, la solution ou le début de la réponse à tous ces problèmes pour les malades, cela est arrivé en 2001. La réalité c’est qu’au jour d’aujourd’hui, en 2016, la seule conséquence de tout cela c’est que les malades de sclérose en plaque peuvent obtenir du Sativex… le Sativex est un préparé, mais il s’agit d’un produit seulement accessibles pour certains patient. La plupart des personnes consomment pour des raisons thérapeutiques, et ils n'en parleront, n’ont pas accès à ce médicament, ils restent donc dans une zone grise, en essayant de se débrouiller et sont victimes d’informations contradictoires, venant de gens qui souhaitent vendre des produits sans savoir si c’est correct et comment le prendre… dans tous les cas, ils sont dans une situation de vulnérabilité.

C’est pour cela que nous sommes ici. Pour continuer à réduire cette vulnérabilité, pour faire une culture, pour donner du pouvoir à tous ces gens, et pour nous éduquer un peu plus directement avec les experts que nous avons la chance d’avoir avec nous.

Et bien sans plus attendre, je donne la parole à José Carlos. Le Dr. José Carlos Bouso nous vient de Madrid, même si ça fait des années qu’il travaille à Barcelona. Il travaille pour la fondation ICEERS… nous sommes donc des collègues comme je l’ai dit. Il est docteur en pharmacologie. C’est une personne qui a un parcours très large au sein de l’Etat espagnol, au sujet de la recherche sur différentes substances psychoactives et… tu as 20 minutes pour nous illustrer tout cela.

Après, nous ferons… après il y aura l’intervention de Joan, et ensuite nous ferons un petit débat, qui est également un moment intéressant, avec tout le monde.

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