Interview de Charlo Greene à Expogrow (Irun) 2015

Charlo Greene est activiste du cannabis et experte dans les médias. Elle est devenue une leader dans l’activisme en septembre 2014 quand elle a quitté publiquement sa carrière de présentatrice de journal pour se dédier pleinement à la reforme de la loi du cannabis. Son « Fuck it, I quit » (Fait chier, je me casse), a fait le tour du monde.
Depuis cet évènement, elle a lancé le Cannabis Club Alaska, qui devient la première et unique source de marijuana légale d’Alaska. Le Club est le seul point d’accès sûr pour les patients en Alaska et fait exemple pour d’autres clubs potentiels dans la région. Il apporte aussi des informations précises pour les responsables politiques.

Transcription de l'interview Charlo Green:

Charlo, merci beaucoup de partager un peu de temps avec nous et... comment vas tu ? Apprécies tu la feria ?

C'est mon premier Expogrow, ma première fois en Europe, et donc en Espagne et... c'est incroyable !

J'adore ce que vous faites ici les gars, je suis surprise que la culture du cannabis soit aussi riche.  

Merci. Cela fait presque un an que tu as dit "Fuck it, I quit"...comment te sentais-tu ?

Hahahahaha! à ce moment?  - Oui. Je me sentais comme si je fermais la porte d'un chapitre de ma vie, comme quitter un emploi mais aller vers mon objectif, et commencer exactement ce que j'étais censée faire, donc un an plus tard je n'ai absolument aucun regrets, je veux dire que je suis ici avec vous, en Espagne... c'est dingue !

Pour sûr! Et ... en tant que propriétaire d'un club de cannabis en Alaska, que penses-tu du droit pour les gens de pouvoir cultiver leur propre cannabis à domicile ?

Eh bien je pense que c'est essentiel, surtout quand vous cherchez à faire passer une nouvelle mesure législative, et qu'il faut protéger le droit des citoyens et notamment des patients – de cultiver leur propre cannabis, de connaitre tout ce qui va dans les plantes,
qu'ils consommeront pour un usage récréatif ou médicinal, je pense que c'est de la plus haute importance.

Je pense que nous pouvons tous imaginer mais... qu'avez vous ressenti lorsqu'un officier de police vous a menacé avec son arme ?

Je pense que... ce que nous devons aussi garder à l'esprit lorsqu'on se rappelle du raid, les 2 raids - qui furent menés sur l'Alaskan Cannabis Club, est le fait que nous étions un mois après que la majorité des électeurs d'Alaska avait décidé que nous devions légaliser le cannabis récréatif, ce genre d'événement n'aurait donc pas du se produire, et donc un mois après le coup d'envoi, il y a une douzaine d'officiers avec d'énormes mitrailleuses, les pointant sur mon visage, sur les visages de mon frère et de mes sœurs, et sur les visages des patients qui étaient venus pour trouver un accès sécurisé...

C'est dégoutant, et c'est inquiétant, et c'est décourageant de voir que même lorsqu'il existe un moyen pour les citoyens de changer les choses, les pouvoirs en place sont encore en mesure de venir et d'essayer de vous démolir...

C'est décourageant, mais en même temps ça me motive aussi
à continuer à lutter encore d'avantage, parce que, s'ils peuvent faire ça, dans un Etat, dans un pays où nous pouvons choisir que ce n'est pas la voie à suivre, alors imaginez ce que n'importe qui d'autre à travers le monde peut subir.

Je dois continuer à me battre, jusqu'à la victoire totale, encourage moi. Nous devons tous continuer à lutter, bien sûr !

Les lois sur les drogues ont elles un rapport avec la Justice ?

Bien sûr ! Je veux dire...  si on regarde en arrière, là où la prohibition du cannabis a commencé... Cela n'a aucun sens.

Ça n'avait aucun sens à l'époque, et ça n'a pas de sens maintenant, surtout que désormais nous avons des Ipads et Internet pour regarder les statistiques :

La prohibition du cannabis fonctionne-t-elle ? Non.

Poursuivre des citoyens respectueux car ils consomment de façon responsable une substance qui est incontestablement plus saine que l'alcool, plus saine que le café, plus saine que le sucre ?

Non cela n'a aucun sens, alors pourquoi le faisons nous ? C'est de l'injustice.

Et aux États-Unis, il est vraiment clair  que l'une des forces motrices derrière la prohibition possède des origines racistes, c'était une chose pour discriminer les noirs et les latinos, qui a évolué pour inclure toutes les personnes pauvres.  

Si vous êtes pauvre, et que l'on retrouve ça sur vous, alors c'est un moyen d'être certain que vous n'aurez pas les moyens financiers pour aller à l'Université et de devenir quelqu'un de meilleur.

C'est un moyen d'être certain que lorsque votre situation est mauvaise vous n'obtenez aucune aide du gouvernement, ce qui vous fait toucher le fond.

C'est... c'est triste, vraiment triste quand vous regardez tout cela mais encore une fois, c'est pourquoi nous devons continuer à lutter. 

Car nous savons tout cela alors que tous les autres peuvent l'ignorer, nous avons la responsabilité de faire quelque chose pour que ça change.

Quelque chose d'autre que tu aimeras dire à la communauté du cannabis ?

Continuez simplement de vous battre, le changement arrive tellement vite, et il y a tellement de personnes en train d'ouvrir les yeux.

Utilisez les  réseaux sociaux, utilisez internet, assurez-vous que les médias traditionnels ne diffusent plus le message imposé par le Gouvernement...

C'est pour ça que j'ai fait le “Fuck it, I quit". Car pendant que j'étais journaliste, j'ai vu les mauvais tours que les prohibitionnistes jouaient, ils disaient, "Eh bien, vous devriez avoir peur à cause de ça" ou "Nous ne pouvons pas faire ça parce que..."

Non! Rien de tout ça n'était fondé sur la science, nous connaissons les faits maintenant.

Si vous regardez en Uruguay, si vous regardez au Colorado et en Washington, les deux premiers états des USA qui ont légalisé,
vous voyez toutes les craintes que les prohibitionnistes avaient lancé, et qui avaient provoqué des réactions parmi les politiques,
et c'est amusant de voir tout ce qui se passe, car tout ça... c'étaient des conneries !  

Et c'est notre devoir de maintenir nos journalistes responsables,  
et de répandre la vérité nous-mêmes, et de continuer à en discuter avec nos voisins, avec nos amis, avec les membres de notre famille, afin qu'ils sachent qu'il existe une injustice, et quand vous avez une chance de changer cela, tout le monde franchit les étapes pour y parvenir.

Charlo, merci beaucoup d'avoir partagé de ton temps avec nous et... continue de lutter !

Absolument, merci de m'avoir reçue, merci !

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