Interview Martín Barriuso 2016 Partie 2/3

Deuxième partie de interview de l’activiste cannabique Martín Barriuso, fondateur du CSC Pannagh inauguré en 2003. Il revient sur la situation des clubs par rapport à la loi mais aborde également le futur des CSC en Espagne.

Vous êtes accusés de quoi exactement, tu peux développer un peu?

Nous sommes accusés de trafique de drogues, c’est un délit contre la santé publique dans sa variante de trafique de drogues, c’est ce dont nous accuse le Ministère publique. Ils nous accusent en plus d’activités en groupe criminel.

C’est dingue, cela a l’air grave !

Ça semble grave en effet, mais c’est de l’esbroufe, une astuce.

Quelle est la question? Le cœur du problème juridique de tout cela?

Le trafique de cannabis dans le pire des cas, avec toutes les causes aggravantes possibles, a une condamnation maximale de 4 ans et demi de prison, ce qui veut dire que les jugements se déroulent devant le tribunal pénal et les recours c’est l’audience provincial correspondant qui les rends.

Après nos aventures juridiques, nous avions deux archives de la part de l’audience de Vizcaya et de l’audience de Alava, et en plus dans les deux cas, ils nous avaient rendu le cannabis.

Mais  également dans d’autres audiences provinciales, des associations avaient aussi réussi à obtenir l’archivage des cas, que ce soit à Barcelone, à Majorque, à Madrid, à Huelva …

Bref, la liste des tribunaux pour les jugements du pénal et des audiences provinciales qui archivent ou acquittent les associations est toujours plus longue, le ministére publique a donc inventé l’histoire du groupe criminel pour que puisse s’ajouter aux quatre ans et demi du trafique de cannabis, un an et demi de plus, ce sont déjà six ans, et quand on dépasse les cinq ans de demande de peine, ce n’est plus le tribunal pénal qui te juge mais l’audience provincial.

Si l’audience provinciale t’acquitte, le recours se fait auprès du Suprême, ce que souhaitait le Ministère publique, car au Suprême, je parie qu’ils nous attendent la serviette autour du coup et les couverts à la main.

C’est une manipulation entre le plan national sur les drogues, le ministère publique qui dépend directement du gouvernement et une partie des juges du Suprême qui ont été mis en place par le PP (Partie populaire).

Le Suprême dit que nous ne sommes pas un groupe déterminé de personnes, mais plutôt un groupe indéterminé.

Quand l’audience dit qu’il y a un contrôle que nous avons des mesures de contrôles pour éviter la diffusion à des personnes tierces, le Suprême dit qu’il n’y a pas de contrôle.

Quand l’audience dit que c’est l’assemblée qui décide de tout, le Suprême dit que ce ne sont que quelques personnes et que nous avons mis cela au service d’un groupe de personnes indéterminées et ainsi de suite, donc au final, ce qui semble s’être passé a été complètement modifier pour rentrer dans la réalité qui intéressent le Suprême.

Ils ont converti une mesure de protection pour les utilisateurs en une source de génération de dommages!

Parce que la question des dommages et des risques c’est une blague ! Ce que dit le Suprême c’est que : « C’est vrai que vous n’avez pas distribué du cannabis, vous n’avez donné du cannabis à personne qui ne soit de l’association, mais il existe la possibilité qu’un des adhérant est transmis son cannabis à quelqu’un qui ne soit pas adhérent. Cela n’a pas été prouvé, mais à très bien pu se produire et comme cela a pu se produire, il nous condamne comme auteurs, pour avoir peut être encouragé quelques chose qui aurait put produire, c’est comme s’ils condamnaient le gérant d’un supermarché qui contrôle la carte d’identité des jeunes avant de leur vendre de l’alcool parce qu’il existe la possibilité qu’une personne adultes puisse acheter de l’alcool pour le revendre à des mineurs.

Si certains de ces adultes ont vendu de l’alcool à des mineurs, recherchez les et punissez-les, mais pas le gérant du supermarché … ils ne peuvent pas le punir, il respecte la loi. Bon, dans notre cas comme le délit contre la santé publique c’est ce qui s’appelle un délit de danger abstrait … 

Bonne définition

C’est quelque chose comme ça…. Donc au final il ne s’agit plus de ce que tu as fait, mais de ce qu’auraient pu faire d’autres personnes, et ensuite ils déclarent que tu n’as pas fait de bénéfices, mais que c’est pareil, car le danger c’est de distribuer du cannabis, le cannabis c’est le poison et le fait qu’il circule dans la société est très dangereux.

C’est donc presque préférable de le vendre cher, comme ça tu limites la diffusion, parce que si tu l’offres par exemple, même si tu ne fais aucun bénéfice lucratif, tu favorises la diffusion de la drogue.

Ce qui revient donc à dire: « Tu ne faisais pas de bénéfices? C’est pareil! La contravention qu’on va te mettre sera exactement la même et la peine de prison exactement la même.

Ce que fait le Suprême finalement c’est donc de dire: « Bon, ces personnes sont restées caché, ils ont occulté leur vrai objectif et ils n’ont fait aucun effort pour savoir ce que dit la loi. »

Nous sommes allés au parlement Basque, Espagnol, Européen, je suis allé au parlement portugais, j’ai été invité par la présidence de l’Uruguay, nous sommes allés au defensor del pueblo, nous y sommes allés publiquement, nous avons payé des impôts comme je te l’ai expliqué, nous avons été diffusés par les médias de communication et ils nous disent que nous sommes resté cachés, que nous n’avons rien fait pour savoir ce que dit la loi !!

Donc bon, nous sommes persuadés qu’il s’agit d’une décision politique, 100% politique, sans aucune autre justification juridique,
ça n’a aucun sens et l’objectif est double, c’est d’un côté paralyser les associations, ils nous mettent une peine de prison qui ne nous envoie pas directement en prison, mais nous laisse une menace au-dessus de la tête à vie, pour que ne soyons plus du tout actif. Et ensuite ils nous mettent une contravention exagérée, qui nous ruine complètement afin de nous faire peur.

Oui, ils vous rayent directement de la carte.

Ils essayent de nous rayer de la carte, mais s’ils pensent qu’ils vont nous éliminer du combat politique avec ça, ils se trompent.

Il s’agit bien d’un mouvement destiné à faire peur au mouvement cannabique et à stopper son développement, mais c’est aussi pour couper le mouvement des parlements autonomes qui régulent le cannabis.

En effet, si le tribunal Suprême déclare qu’une activité est un délit, le parlement Basque, celui de Navarre ou le parlement Catalan, ou n’importe lequel autre, ne peut pas légiférer, autrement dit, le parlement Basque ne peut pas sortir une loi régulant le trafique d’organes. 

Oui, je comprends

Ce n’est pas possible, c'est-à-dire, si le code pénal dit qu’il faut donner les organes et qu’il ne peut y avoir d’histoire d’argent,
une région autonome ne peut pas décider que, comme il y a besoin d’organes, nous allons permettre …

C’est un exemple … Alors que ce passe t-il ? La loi de Navarre des associations tombe à l’eau.

Automatiquement ?

Bien sûr, le Suprême interprète le code pénal, le code pénal est une loi organique, il est obligatoire de la respecter.

Donc du moment que la loi organique peut être interprété dans des directions déterminées tu ne peux plus réguler cela.

Bien sur, ….

Tout ce qui en résulte est illégal. La loi de Navarre tombe donc à l’eau, la loi d’addition du Pays Basque pareil, même si le parlement a dit qu’il allait la maintenir intacte, hein !

Mais ils s’en fichent, ce qui a été discuté au parlement de Catalogne ne compte pas, ce qui commençai à être discuté dans les Asturies, dans les Baléares, en Andalousie … C’est une manipulation politique de la partie la plus à la droite du PP, pour empêcher que le cannabis puisse être régulé en Espagne.

La balle est pourtant dans le camp des politiques, au congrès des députés, on verra si on a un gouvernement ou pas … 

Mais bon, il faut que quelque chose bouge.

L’utilisation thérapeutique du cannabis est une réalité.

La possibilité de coopération entre tous ceux qui sont dans le monde du cannabis thérapeutique, depuis un point de vue scientifique, médicale, pratique, etc…

Unifier les critères je crois que c’est un sujet important.

Mais si c’est prouvé que je demande la carte d’identité aux jeunes, que je ne vends jamais à un mineur, « oui mais ahhh ! mais ensuite » ou celui de la quincaillerie : « Et toi qui travail dans une quincaillerie, hop en prison également ! » parce que quelqu’un a peut être tué avec le couteau qu’il lui a vendu, mais si personne n’a été tué ? oui, mais ça poudrait arriver, et donc ils le condamnent pour assassinat, directement, même s’il ne vend que des couteaux 
et qu’il ne peut pas être responsable de ce que font les gens avec leur couteau.

Et en plus il est pacifiste!

Et bien ils le condamnent pour assassinat, parce que quelqu’un pourrait avoir tué. C’est de la folie!

Cette fois ce sont 4 agents de la police nationale qui nous ont identifié en moins de 2 minutes et demi quand nous étions devant le constitutionnel, mais au moins nous avons pu placer la pancarte, nous avons pu faire l’acte, nous avons pu sortir la pancarte également devant le tribunal et nous continuerons de travailler pour que le cannabis soit régulé.

Oui, c’est une solution de dernière minutes, ils utilisent ce qu’ils peuvent.

C’est le type de législation que nous avons en matière de drogue, c’est complètement absurde, ça n’a pas de sens, dans un état de droit cela n’a pas de … 

C’est ce que tu dis, c’est la prohibition, c’est éviter que quelque chose puisse se passer au cas ou quelque chose que tu imagines et qui est la pire solution possible, puisse se passer.

En plus, avec ça tu n’évites rien. Parce que si au moins ils avaient des résultats avec cette saloperie de prohibition que nous avons, ils pourraient faire un peu les malins, dire, « bon … nous avons obtenue quelque chose au moins. …

Nous avons violé quelques droits humains, mais nous avons réussi notre objectif », mais en plus ils n’y arrivent même pas!

C’est peut être qu’ils ont d’autres objectifs?

Evidemment ! Ce sont des objectifs de contrôle social, l’objectif c’est : « c’est moi qui décide  … l’objectif ici c’est rien ne peut se discuter, si je ne le permets pas »

Je crois que certaines de ces personnes ont une vision du cannabis, de ces effets, mais aussi de la société dans laquelle nous vivons qui est complètement dépassée.

Oui, oui, c’est la répression totale, ne pas faire confiance à la prise de décision de tout un chacun.

C’est le typique autoritarisme invasif, ce que je dis ne vaut pas que pour moi, ca vaut pour tout le monde.

C’est-à-dire, tout le monde doit faire ce que je dis, même dans la vie privée, pour la santé, l’intimité, tout le monde doit faire ce que je dis.

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