Interview Nuria Calzada - ExpoGrow Irún 2016

Durant la dernière ExpoGrow 2016 d'Irun nous avons parlé avec Núria Calzada, membre d'Energy Coltrol depuis 2000. Durant cette interview elle nous a décrit la situation actuelle du cannabis dans le monde.

Transcription de l'interview de Núría Calzada:

Energy Control est un projet de réduction des risques de l’ONG ABD (Association de Bien-être et de Développement) à l’échelle nationale. Núria Calzada est psychologue et membre d’Energy Control depuis 2000, elle est actuellement coordinatrice estatal du projet.

Comment vas-tu Núría ?

Bonjour tout le monde, comment allez-vous ?

Bien. Hier nous avons suivi la Conférence du forum à propose de l’UNGASS-2016 à laquelle tu as assisté, au siège de l’ONU à New York. Tu es déçu ? Tu as des attentes? Qu’elle est ton impression? Comment l’as-tu vécu ?

C'était, l'un des thèmes de la discutions d'hier ...  quelque chose de difficile, une déception. Nous avions tous de grandes attentes, le document final a été une grande déception. Il y a également différentes façons de voir les résultats de l’UNGLASS 2016… un accord a été signé, nous sommes parvenus a un accord sur un document final pour tous les pays, ce qui a été mis en avant également c’est qu’il existait une ligne très fine, très tendue, qui pouvait se rompre à n’importe quel moment.

Qu’en ce moment des politiques très différentes et très divergentes sont appliqués avec des pays qui appliquent la peine de mort pour possession ou trafic, jusqu’à des pays qui régulent le cannabis comme en Uruguay… il faut beaucoup de mérite pour obtenir un accord entre des pays qui ont des politiques si différentes même si je crois que ce que l’on a pu voir c’est qu’ils ont posé les bases pour que dans l’avenir ces divergences soient plus tendues et que l’équilibre se casse…

Quelles sont ces bases ? Quels sont les principaux piliers de cette UNGASS ?

Le document ne fait rien de plus que réaffirmer le besoin d’un contrôle de l’offre, de la politique restrictive… C’est donc un pas en avant pour donner également plus de force à l’implémentation de politiques de santé et les droits de l’homme sont également préconisés.Ensuite il y a un fait très important et notable également, c’est qu’avant la devise c’était « Pour un monde sans drogues », et maintenant pour cette UNGASS nous avons un peu plus de flexibilité avec « un monde sans abus de drogues ».

S’il est reconnu qu’il y a un abus, cela signifie qu’il y a une utilisation, qui peut être légitime et c’est cette partie qui est reconnue… donc ils ne cherchent plus l’utopie d’un monde sans drogues, mais plutôt qu’il n’existe plus, qu’il n’y ait plus ou que l’on réduise au maximum l’abus de drogues, mais pas leur utilisation.

Petit à petit

C’est une avancé importante…

Très bien. Pour parler un peu plus d’Energie Control et du projet que tu mènes, je vais poser une question générique pour que tu nous expliques un peu ce qu’est Energy Control, comment cela fonctionne … par exemple, quel est ou quels sont les principales fonctions d’Energy Control ?

Il y a différentes façons d’expliquer Energy Control … une officielle et comme je le disais hier, une officieuse. Comment dire ? Energy Control est une rustine pour les politiques prohibitionnistes par rapport à l’information objective, pas moraliste et un modèle d’utilisation pour les consommateurs, et c’est justement l’un des côtés qu’ils attaquent… pour les mauvaises drogues, c’est un sujet tabou, on ne parle pas, il n’y a pas d’information. Ils disent simplement, ne les utilisez pas, elles sont mauvaises et c’est tout.
Mais celui qui les utilisent ne sait pas comment le faire, il n’a pas d’information, donc bon, c’est une rustine pour cette politique.

L’un pour de l’information et l’autre pour connaître la composition des substances, c’est également l’une des conséquences de la prohibition … ce sont des substances interdites, elles proviennent du marché noir principalement, la composition varie et nous pouvons trouver des adultérations, certaines très graves et avec des répercutions sur la santé également…

Et c’est un peu votre fonction non ? Analyser ce que le consommateur prend, avec des échantillons ou en demandant … les gens viennent et vous demande : « qu’est-ce que c’est, je peux le prendre ? »

C’est l’une de nos fonctions. L’objectif principal est de réduire les risques associés à la consommation, que ce soit de cannabis ou d’autres substances, en respectant les décisions du consommateur, nous réalisons donc différentes actions comme les tests d’alcoomètres ou les analyses de substances, le plus connu, parce que c’est ce qui a le plus grand impact médiatique, et c’est pour ça que c’est notre action la plus connue, mais ce n’est pas pour autant, la plus importante.

C'est-à-dire que pour nous c’est aussi important de continuer à lutter, d’être sur le champs de bataille, ce que l’on a dit dans les espaces de loisirs, de fêtes, dans les festivals, les raves party et également les analyses comme autre action de développement, avec les adolescents dans les collèges, ou durant la formation pour les professionnels comme par exemple avec les médecins, les infirmières, les professeurs et les éducateurs.

Tous les champs d’action que nous développons sont importants pour nous, même les moins connus.

Et quels moyens vous avez pour ça ? Comment êtes-vous financé ? Qui vous aide ? Comment cela fonctionne ?

Energy Control est apparu en 1997 et est née grâce à l’aide du Plan National sur les Drogues, qui est encore maintenu au niveau estatal, mais Energy Control est également en Catalogne, à Madrid, en Andalousie et dans les Baléares. Elle a également des aides dans certaines régions, pas dans toutes et également certaines variations.

C’est en Catalogne et en Andalousie que nous avons traditionnellement le plus d’appuis. Et pour Madrid et Mallorque, il semble que nous commencions à avoir un peu de soutien pour pouvoir développer des actions là bas également…

Tu disais juste avant que vous donniez des informations dans les collèges, dans les zones de fêtes … comment les jeunes vous reçoivent ?

Très bien. Nous avons toujours été bien reçus, ils sont toujours surpris au départ, car ce qu’ils entendent comme prévention en général c’est « ne consommes pas » et quand quelque chose de différent leur est proposé, quelque chose qui va plus loin, sans critiques, que tu ne juges pas le fait de consommer, c’est une action très respectueuse, les gens la reçoive très bien, avec surprise mais avec gratitude également…

C’est sur, ils doivent être surpris. Consommer des drogues, tu crois que c’est inhérent à l’Être humain, c’est un besoin que nous avons ? Pour altérer notre état de conscience ? un peu plus philosophique comme question…

Je crois que oui. Et de plus l’Être humain n’est pas le seul être vivant, l’unique animal, qui prend des drogues, c'est-à-dire que nous pouvons trouver dans la nature de nombreux exemples d’animaux qui prennent des drogues, des champignons, sans aucun autre but que d’altérer leur conduite.

C'est-à-dire, que ce n’est pas quelque chose qui est uniquement inhérent à la conduite humaine, mais que cela s’applique également pour d’autres animaux et c’est pour cela qu’elle doit accomplir une fonction pour l’humanité et pour l’évolution … je crois oui.

J’imagine déjà ta réponse, mais laisse moi te demander. La sécurité des utilisateurs augmenterait avec la légalisation des drogues ?

Bien-sûr que oui. C’est évident. Elle augmenterait énormément, par exemple la sécurité par rapport à la composition des substances.

Cela génère de nombreux problèmes … du fait de ne pas savoir ce que nous prenons, penser prendre quelques chose alors que c’est une autre chose en fait, et c’est la dose qui rend le produit thérapeutique ou qui en fait un venin.

Si on ne sait pas ce qu’on prend, ni la dose, c’est normal, il est normal que certains accidents se produisent, des accidents causés par une consommation à un moment ponctuel. Et nous ne parlons pas de moyen ou long terme, mais des effets secondaires et adverses au moment de la consommation.

Et de nombreux accidents sont causés par un manque de connaissance, de désinformation, de ne pas savoir conduire, et de pas savoir exactement ce qui est pris…

C’est sûr qu’en connaissant la composition et les doses, tu peux avoir le contrôle de la substance…

Núria, merci beaucoup et bonne chance pour ton projet.

Merci à vous. Un plaisir.

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