Entretien ExpoGrow 2017 Alchimia: Augusto Vitale

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Augusto Vitale durant l’Expogrow 2017, dans la Caixa Box Forum. Augusto Vitale est psychologue, psychanalyste et membre de l’IRCCA (Institut de Régulation et du Control du Cannabis) en Uruguay.

Nous souhaitons remercier Augusto Vitale pour le temps qu’il nous a consacré, afin de parler de la situation actuelle du cannabis en Uruguay, des changements qui se sont produits ces dernières années avec l’ouverture du système de distribution de cannabis médical en pharmacie, quelque chose de révolutionnaire, et le type de licence pour les utilisateurs de Clubs cannabiques qui consomment du cannabis.

Alchimia Growing Happiness

Transcription de l’entretien d'Augusto Vitale durant l’Expogrow 2017 d’Irun :

Nous sommes avec Augusto Vitale qui est psychologue, psychanalyste et membre de l’Institut de Régulation et du Control du Cannabis en Uruguay, l’IRCAA. Comment ça va Augusto?

Tout va bien. Merci beaucoup pour cette invitation, pour participer au Forum, pour partager les expériences, et merci à vous pour cet entretien.

C’est un plaisir! nous avions déjà discuté ensemble, avec mon collègue Dani il y a quelques années, l’Uruguay se préparait pour la distribution de cannabis en pharmacie. Tu travaillais dessus avec ton équipe… j’aimerais savoir, durant ces 2 années, que c’est-il passé ? Les choses se sont mises en marche ? Explique-moi un peu le résultat de cette expérience.

Lors des 2 dernières années, après l’approbation de la loi et après que l’Institut a commencé à avoir plus d’expérience et plus de poids institutionnel pour pouvoir remplir ses promesses, nous avons connu l’ouverture des registres pour cultivateurs domestiques, pour les clubs d’utilisateurs, ainsi que tout un processus pour orienter les normes et les autorisations pour ces activités, mais également une campagne d’information publique sur les conditions pour que les utilisateurs puissent aller toujours plus vers le système régulé. Il y a eu un début très convaincant, avec des milliers d’utilisateurs enregistrés, mais il manquait également l’aspect sur l’implémentation de pharmacies, et c’est ce qui est arrivé dernièrement et ce sur quoi nous travaillons depuis 2 ans.

Le 19 juillet la distribution dans 16 pharmacies dans le pays a été lancée, et cela a été, je pense une vraie réussite, en réussissant à incorporer cet acteur qui est également en relation avec la santé public, pour cette politique qui essaie de réduire les risques et pour une perceptive de santé et de droit, mais également une alternative pour pouvoir apporter une issue, une alternative différente aux problèmes d’utilisation de substance et leur accès, qui dans la loi Uruguayenne n’est pas répréhensible depuis 1974. Il y avait donc une contradiction dans l’application de la loi, quelque chose qui n’était pas pénalisé par la loi n’avait pas de normes claires pour pouvoir accéder à une utilisation personnelle dans le cas d’une utilisation récréative.

Pour l’utilisation médicale, des règles ont également été mises en place… il existe une série de 15 ou 20 projets présentés pour la recherche et le développement de produits pharmaceutiques, pour des spécialités végétales, mais également pour quelque chose qui n’était pas encore régulé et que le pays n’avait pas la capacité de développer, l’utilisation du chanvre. Il y a 7 entreprises qui travaillent avec des permis pour cette activité dans le pays.
Ce sont les nouveautés de ces 2 dernières années : l’ouverture du système de distribution en pharmacie et ce type de licences, déjà en fonctionnement.

2 années intenses pour Augusto et pour l’IRCAA je suppose. Je voulais te demander, en proposant en pharmacie du cannabis, plusieurs variétés ont été mise sur le marché, elles sont vendu dans des sacs zips, ce sont des variétés très spéciales avec des niveaux de THC, de CBD, un peu plus de 13.600  utilisateurs enregistrés… il y aura d’autres variétés ? C’est possible, à par les extractions que vous êtes en train de préparer comme tu m’as dit tout à l’heure, il y aura plus de variétés, différentes concentrations?

Oui, c’est une première expérience avec 2 variétés exclusives, avec des niveaux bas ou moyens  par rapport à la relation entre les cannabinoïdes principaux, mais d’autres variétés sont en cours d’expérimentation. Elles étaient en réserves pour pouvoir varier et pour pouvoir développer des études sur le type d’attente d’un utilisateur plus standard, qui n’est pas un connaisseur, pour cela il ira voir dans un Club, dans un Club et avec la culture personnelle. C’est une voie qui a démontré cette augmentation dont tu parlais, en 20 jours nous sommes passés de 5 000 à 13 000 ou 12 000 personnes dans le registre, cela est dû au fait qu’il existe un certain type d’utilisateurs qui n’est pas aussi connaisseur et qui ne recherche pas ce type d’herbe ou des niveaux de THC plus élevé, mais plutôt une variété modérée et ainsi pouvoir accéder également à un produit de bonne qualité par rapport aux terpènes, et à tous les contrôles effectués sur le matériel…

Tu sais combien de doses ont été distribuées durant cette période de temps? Ou en kilos, je ne sais pas. Pour avoir une idée, pour parler de tout l’Uruguay…

Concrètement, il y a déjà plus de 100 kilos qui ont été distribués, mais les licences que nous avons distribuées autorisent maximum de 2 tonnes pour chaque entreprise et cela est calculé sur un marché, une taille de marché, près de 20 000 personnes. Quand ce numéro sera dépassé, il est fort probable que nous effectuions un nouvel appel d’offres pour la production, avec également l’implémentation de nouvelles variétés en rapport avec des études effectuées, des essaies cliniques. C’est une option, une option supplémentaire, mais ce n’est pas la seule, parce qu’il y a deux scènes parfaitement assimilables.

Aussi bien dans les Clubs que pour l’Autoculture, pour laquelle sont également distribuées des licences, afin d’avoir accès au cannabis.

Il est important de signaler que ce sont uniquement les voies d’accès, pour ne pas dépasser une limite de substance ou de produit pour chaque d’une certaine façon. L’utilisateur doit donc choisir entre cultiver, aller à la pharmacie ou intégrer un Club de consommateur. Nous avons accepté le fait qu’il s’agit d’un début quelque peu restrictif pour développer une politique consensuelle et avec un certain soutien également au niveau politique, pour que cela soit viable et possible.

Dernièrement, il y a eu quelques problèmes avec les pharmacies, notamment au niveau économique. Les banques, ou certaines banques avec lesquelles travaillaient les pharmacies, ne souhaitaient pas leur donner le soutien financier, ou travailler au jour le jour. Je sais qu’au départ il y avait 16 pharmacies, à présent il en reste 11… c’est un problème?

Oui, c’est un problème avec le système international de contrôle financier qui s’applique fondamentalement par une loi au Etats-Unis de contrôle et régulation de sa propre activité bancaire et qui rentre en conflit d’une certaine façon avec une loi au niveau national de souveraineté sur notre territoire. Mais ce n’est pas uniquement un sujet de souveraineté, c’est également un sujet commercial, au niveau international. Cette activité n’étant pas registrée, alors que de notre côté elle est totalement contrôlée et tracée, il est alors possible de dire avec des termes économiques qu’elle est encapsulée et  tout est vérifiable, son point de départ et ses mouvements, les acteurs qui sont engagés dans ce processus et où va l’argent et d’où il vient. Cependant, même avec ces garanties, nous n’arrivons toujours pas à sensibiliser pour que cela devienne une activité pour laquelle les banques prennent le risque d’ouvrir un compte bancaire aux opérateurs qui sont en Uruguay.

Dans le cas de certaines maisons financières, comme la banque publique d’Uruguay par exemple, le compromis existe car ils ont des filiales à l’extérieur et dans le propre système nord-américain ce n’est pas possible, sans connaître des sanctions, de développer un système de ce type après une négociation qui a commencé à être réalisé.

Oui, je sais que l’ex-président Mr Mujica a commencé à travailler dans ce sens. Une banque nationale ou quelque chose qui pourrait apporter son soutien à ces pharmacies…

Oui, et cette administration du gouvernement revient tout juste d’une délégation à Washington avec le département du Trésor aux États-Unis, mais également avec les législateurs qui travaillent sur une loi de Safe Banking pour pouvoir résoudre ce problème car les États-Unis ont 29 États qui ont un régularisé d’une façon ou d’une autre l’accès au cannabis, et cette activité ils peuvent la développer, mais ils ont connu ces problèmes, mais il existe là-bas une image qui n’existe pas en Uruguay, qui est la Coopérative de Crédit, l’Union de Crédit ou les banques coopératives, qui même si elles existent de façon formelle, n’ont pas les produits avec lesquels les banques travaillent en Uruguay.

Et voilà pourquoi nous en somme là, on verra si… c’est compliqué, mais je crois que ce sera possible à résoudre en passant par une voie comme celle-ci.

Oui, c’est un problème de finance, mais bon, nous sommes satisfaits d’avoir implémenté la totalité de la loi et que tous les accès soient en place grâce à cette norme.

J’imagine qu’il est plus logique de travailler dans ce sens n’est-ce-pas ? Essayer que les banques puissent finalement financer ou travailler avec les pharmacies. Avez-vous pensé également à la possibilité d’ouvrir d’autres types de dispensaires, comme ceux qui existent aux États-Unis par exemple?

Oui, on y a pensé, notamment durant une conférence de presse du Secrétaire, il y a deux jours, ouvrir grâce à une modification du décret réglementaire, la possibilité que d’autres établissements spécialement pensés pour la distribution du système régulé du cannabis, puissent ouvrir et travailler avec de l’argent en espèces dans cette activité, c’est une façon pour surmonter la situation jusqu’à ce que ces 2 politiques puissent je rejoindre sur la même voie, l’économique avec la politique de régulation des drogues.

J’adore le travaille que vous avez fait avec l’IRCAA. Tu penses qu’il est possible de voir apparaître un système similaire en Europe ou en Espagne?

C’est ce que nous souhaitons, être suivi par d’autres et apprendre ensemble. L’Espagne a apporté beaucoup dans le domaine des Politiques de Drogues à une époque, elle a également une masse critique et un développement de l’activisme et du travail au niveau de la société civile, qui laisse de bonne opportunitées pour le débat il me semble, mais il faut aussi le mettre dans l’agenda politique.

Mettre sur la table dans l’agenda la discussions sur le type de réglementation qui peuvent être nécessaire pour une activité qui a déjà un développement d’utilisation et certaines conditions également au niveau de la prévention, car ici il y a de très bonnes expériences sur la réduction des risques et avec le travail avec des utilisateurs. Cependant, sans oublier ce point, il est possible également d’assouplir certaines normes d’un paradigme qui est fortement remis en question, qui est la prohibition de l’utilisation de substances, sans prévention préalable, de politique de proximité, d’informations… et, une dernière, de décisions responsables dans un cadre de droit.

Je crois que nous sommes également sur la bonne voie. Augusto Vitale, j’aime vraiment, j’adore ce que vous faites avec l’IRCAA. Merci beaucoup pour ton temps, et bonne continuation…. Merci beaucoup.

Merci à vous pour m’avoir invité à discuter et à la prochaine.

On se voit bientôt! Bon courage!

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