Politiques Contre la Douleur. Entretien avec Manuel Guzmán

Experts, politiques et patients se sont réunis pour débattre ensemble de la légalisation du cannabis médicinal pendant cette journée "Politiques contre la Douleur", organisée par l'Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal (OECM) célébrée au CaixaForum (Madrid) le 18 Septembre 2017.

¡¡La douleur ne peut PAS attendre!! Ce message clair conclut le manifeste des patients qui participèrent à la journée Politiques contre la Douleur, sûrement l'un des moments les plus émouvants de la journée.

Nous souhaitons partager avec vous ce résumé, dans lequel nous avons incorporé un entretien avec Manuel Guzmán (Professeur de Biochimie et Biologie Moléculaire) pour Alchimia, dans lequel il nous parle de l'actualité du cannabis médicinal pour le traitement de la Douleur.

Alchimia Growing Happiness

Transcription de la vidéo Alchimia à "Politiques Contre la Douleur", entretien avec Manuel Guzmán

CaixaForum (Madrid) - 18 Septembre 2017

CAROLA PÉREZ

Bonjour et une fois de plus, merci à toutes et à tous qui êtes venus aujourd'hui nous accompagner dans cette journée très importante pour nous, car nous n'allons pas seulement parler de cannabis médicinal, aujourd'hui les politiques vont se mettre autour d'une table pour débattre ensemble, de même que les patients vont pouvoir expliquer ce dont ils ont besoin...

MANUEL GUZMÁN

Bonjour. Bien, je vais tenter ici, comme introduction à cette journée, de résumer ce que nous savons actuellement d'un point de vue biologique, pharmacologique, clinique, autour du thème auquel nous nous intéressons aujourd'hui. Mais aussi à ce que nous avons devant nous, si intense et motivant que l'est le cannabis médicinal. Le cannabis a effectivement des propriétés vraiment uniques, vraiment exclusives, qui en font une source potentielle (dans certains cas une source réelle) de composé aidant à palier la qualité, certains symptômes de certaines maladies et pour améliorer, comme vous le savez, la qualité de vie de nombreux patients.

Bien, le cannabis, que vous connaissez tous j'imagine, est une plante unique dans le règne végétal, parmi les plus ou moins 300 000 espèces de plantes qui existent aujourd'hui dans la nature, le cannabis est la seule plante produisant une série de composés qui lui sont exclusifs, que l'on nomme donc cannabinoïdes, et qui sont précisément ce qui lui confère ses propriétés bio actives, ces propriétés pharmacologiques si uniques sur l'humain...

MARÍA - Alchimia

Bonjour, Manuel, Manolo, comment préfères tu?

MANUEL GUZMÁN

Bon, comme "Jekyll & Hyde", j'ai les deux... les deux facettes.

MARÍA - Alchimia

Les 2 facettes. Vraiment tu es connu et apprécié. Je pense le plus apprécié actuellement dans ce petit monde...

MANUEL GUZMÁN

Bon, c'est toujours apprécié.

MARÍA - Alchimia

Oui, merci pour les conférences car elles sont très très très claires et que bon, on sent qu'il y a beaucoup de passion.

Simplement, j'ai une petite question: Comme tu es de l'Observatoire (OECM) et que tu traites de nombreux patients, quelle maladie, lorsqu'un patient vient te voir, te fais penser que le début du traitement est le début d'une évolution de la situation?

MANUEL GUZMÁN

Oui, le cas le plus clairement commun chez les patients traités avec du cannabis médicinal est la Douleur, la pathologie la plus transversale. On considère que les cannabinoïdes ont des effets sur les maladies neurologiques, mais l'un d'eux est est l'atténuation de la douleur, en oncologie, l'un des effets recherchés est l'atténuation de la douleur, pour les maladies musculo-squelettiques l'un de ces effets est l'atténuation de la douleur, etc... la douleur est une pathologie transversale, très horizontale, très commune à de nombreuses maladies et de fait l'un des points sur lesquels les cannabinoïdes ont le plus grand intérêt thérapeutique.

Donc, sans doute, dans le cadre de douleurs neuropathiques, de douleurs chroniques, de douleur arthritique, articulaire, fibromyalgie, etc etc... c'est sans doute sur ce plan que l'on observe les plus grandes améliorations pas chez tous mais chez certains patients le tolérant bien et ressentant des effets bénéfiques dans leur évolution, aussi il s'agit d'une condition sur le long terme et variable dans ses causes et sa gestion, etc qui rend chaque patient unique et qui fait qu'il y a plus de médicaments et plus de thérapies en général pour la traiter, pour un traitement plus adapté et une plus grande proximité avec le patient. Que le patient l'ajoute à sa pharmacopée, qu'il le combine avec ses autres analgésiques, avec ses autres habitudes, et bien il pourra obtenir un meilleur rendement de ceux ci...

MARÍA - Alchimia

Un meilleur résultat.

MANUEL GUZMÁN

Et nous savons à présent, vous le savez, que notre organisme comme celui de la majorité des animaux, produit, principalement dans le cerveau, des molécules similaires au THC, qui sont donc nommées cannabinoïdes endogènes (de notre organisme) ou endocannabinoïdes. Parmi ceux ci on remarque l'Anandamide, qui serait le THC endogène produit par notre cerveau pour résumer très grossièrement, et il est aujourd'hui clair que le THC de la plante, comme dit, agit grâce à des récepteurs, des capteurs à la surface de nombreuses cellules de notre organisme et ceci car ils ont la forme, la clé du THC, qui est pratiquement identique à la clé de l'anandamide.

Alors ce que fait le THC, en imitant l'action de cette clé endogène présente dans notre cerveau et dans les tissus de l'anandamide, c'est de s'unir à ces récepteurs, de se connecter sur les mêmes canaux...

  • Quel maladie présenterait le plus de bénéfices à être traitée avec des cannabinoïdes?

MANUEL GUZMÁN

Bien, difficile de le savoir. D'un côté nous avons les applications thérapeutiques classiques des cannabinoïdes, comme l'inhibition des nausées et vomissements, l'inhibition de la spasticité etc, l'atténuation de la douleur, pour lesquelles il nous reste beaucoup à apprendre. Et je pense que les effets peuvent être grandement optimisés par rapport à nos connaissances actuelles. C'est à dire, d'abord je pense que l'on peut améliorer les recommandations, qui sont bonnes ou assez bien établies, pour atteindre plus de patients et obtenir une meilleure efficacité et moins d'effets secondaires.

Ensuite il y a quelques autres maladies, comme l'épilepsie infantile, où le CBD a démontré ses propriétés anti épileptiques remarquables, mais nous avons encore beaucoup à apprendre. Est il meilleur ou pire que les autres anti épileptiques existant sur le marché? seul ou combiné avec eux? Le CBD n'atténue que les convulsions ou améliore t il réellement la modulation de ce système nerveux et ainsi de toutes les fonctions associées? L'intégration de l'enfant au niveau éducatif, au niveau familial, son développement intellectuel, social etc etc... ceci pour l'instant, bon il y a des indices mais il nous faut apprendre beaucoup dans ce domaine, qui est vraiment fascinant.
Et ensuite il peut y avoir de nouvelles recommandations, pour lesquelles nous luttons, mais c'est difficile d'imaginer que nous puissions passer à un autre stade qualitatif. Passer de l'effet paliatif des cannabinoïdes à l'effet, si vous voulez, réhabilitant voir curatif pour atteindre le maximum, non? et surtout pour deux types de maladies: les maladies neurodégénératives et le cancer.

Pour les maladies neurodégénératives de nombreux laboratoires du monde entier tentent de voir si le THC et les autres cannabinoïdes ne seraient pas seulement palliatifs de certains symptômes, comme la spasticité ou les convulsions, mais s'ils ne peuvent pas protéger les neurones et avoir un effet réhabilitant non?

Ensuite il y a le cas du cancer, où les cannabinoïdes ne peuvent pas se limiter à lutter contre des symptômes comme la douleur, les nausées, vomissements, la perte d'appétit, etc. mais aussi si pour certains cancer et chez certains patients particuliers, les cannabinoïdes pourraient être anti-tumoraux.

Je pense donc que nous avons aujourd'hui 3 niveaux:

  • Un niveau plus sûr, mais dont nous devons encore apprendre des thérapies, des recommandations conventionnelles.
  • Un niveau intermédiaire de nouvelles maladies découvertes ces dernières années, comme l'épilepsie infantile.
  • Et le fer de lance, plutôt de laboratoire mais ce à quoi il manque encore beaucoup pour arriver à la clinique, qui serait de passer du terrain palliatif au réhabilitant.

MARÍA - Alchimia

Au réhabilitant oui. Parce que les essais... les essais cliniques avec des patients sont encore loin? Une question de financement ou de politique?

MANUEL GUZMÁN

Un peu des deux. Quelques essais ont commencé mais nous n'en sommes qu'aux balbutiements...

MARÍA - Alchimia

Sous la mains je suppose, non?

MANUEL GUZMÁN

Oui c'est compliqué. Bon tout a une influence, les tests peuvent être réalisés mais c'est très laborieux. On a parfois une montagne devant nous, car le cannabis figure dans la liste 1 des Nations Unies (ONU) et du fait des traités internationaux, bien que l'État ait la capacité de se sortir de ces traités, ce n'est pas la voie qu'il choisi. Il y a ainsi de forts stigmates contre la substance qui est encore beaucoup vue comme une drogue d'abus, qui peut l'être avec un usage différent car ici nous parlons d'usage thérapeutique encadré etc.

MARÍA - Alchimia

Un mauvais usage oui.

MANUEL GUZMÁN

...et donc cela réduit l'intérêt de l'administration, des médecins et compagnies pouvant financer les études etc. Au final nous sommes dans une situation où la recherche en laboratoire sur des souris, rats, avec des cellules etc avance plutôt bien mais la recherche avec des humains est désespérément lente.

MARÍA - Alchimia

La plus nécessaire...

MANUEL GUZMÁN

Et bien oui, la plus nécessaire sans doute si nous voulons apporter un remède aux patients. Mais bon, il y a des raccourcis, avec leur carnet de santé certains contactent des Associations, Clubs, mais ce n'est pas la situation idéale et loin de là, c'est pour cela que l'on met le débat sur la table, pour en discuter et tenter de réguler de la meilleure façon possible avec les exemples que nous avons dans de nombreux pays où des choses fonctionnent et d'autres non, en prenant le meilleur de chacun en l'adaptant au maximum à la réalité sociopolitique, sanitaire etc espagnole et essayer ainsi de faire quelque chose de digne pour de nombreux patients qui pourraient en bénéficier.

MARÍA - Alchimia

Que dirais tu à un patient qui y pense, ne connait pas et ne sait comment faire, qu'est ce qu'on lui dit? que lui dis tu? On prend note pour que ceux qui écoutent l'entretien puisse aider tous les sympathisants.

MANUEL GUZMÁN

La base de tout c'est l'information. Donc la première chose à faire c'est rechercher si ce patient peut potentiellement bénéficier de certaines propriétés thérapeutiques les plus remarquées du cannabis, et pour cela le mieux est de s'informer. Il existe de nombreuses sources sur le Web mais aussi des Associations, des Institutions, l'Observatoire Espagnol du Cannabis Médicinal (OECM) où l'on peut trouver ces informations.

Si un spécialiste ou médecin peut considérer que l'usage du cannabis est réellement susceptible d'avoir un effet bénéfique, ou si le patient en prend la décision, car c'est bien sûr le droit de chaque patient, chercher à se procurer un produit le plus adapté quand à sa composition chimique etc à sa maladie, et un produit traçable et sûr.

C'est à dire, que le patient sache qu'il prend du cannabis avec une quantité de THC déterminée, une quantité de CBD déterminée, avec un profil de terpènes concret etc etc... et aussi qu'il sache que ce produit est sûr, sans contaminants, sans métaux lourds ou solvants, contamination bactérienne, fongique, etc.

Et ensuite, se faire encadrer correctement par un professionnel de la santé. Si ce n'est pas possible, avec quelqu'un de proche ayant de l'expérience, pour échanger, discuter, voir comment les choses évoluent... idéalement un suivi comme pour tout autre médicament. Mais si ce n'est pas possible, au moins l'intégrer au maximum à nos médicaments habituels et voir quels sont les effets positifs, les effets recherchés, les effets secondaires, comment atténuer ceux ci, comment améliorer l'efficacité du cannabis seul comme thérapie ou du cannabis combiné à d'autres médicaments.

Normalement il s'agit de maladies chroniques très dévastatrices etc et les patients suivent un traitement lourd, il est donc important d'en tenir compte, pour que le cannabis n'interfère pas négativement avec les médicaments, alors qu'il peut idéalement optimiser les effets recherchés, les effets analgésiques par exemple, des autres médicaments.

MARÍA - Alchimia

L'information c'est Pouvoir, non?

MANUEL GUZMÁN

Totalement. C'est la base de tout.

MARÍA - Alchimia

Et bien merci beaucoup, et à la prochaine.

MANUEL GUZMÁN 

Merci à vous. C'est toujours un plaisir.

JOSÉ CARLOS BOUSO

Sur cette carte vous verrez que certains pays ont des cercles verts. Cette carte est en ligne sur notre site, je vous dirais où la trouver après, je la mettrais vendredi pour que tout le monde puisse la consulter, d'autant plus qu'elle est interactive comme je vous l'expliquerais ensuite. Il y a des pays avec un cercle vert, ce qui signifie qu'il y a un type de réglementation mais incomplet, et un cercle noir dans lequel le programme de cannabis médicinal permet l'accès à toutes les formes dont la plante (cannabis sous forme d'herbe), où son accès est permis.

CARLOS GOICOECHEA

Pour m'opposer aux signaux pessimistes émis ce matin, je souhaite vous lancer un message d'espoir et vous dire que oui. Il y a matière et il y aura toujours plus de contenu.

Je projette toujours cette diapositive à toutes les conférences où c'est possible, j'y tiens beaucoup. C'est Descartes, pas celui de l'image, c'est un enfant, mais Descartes a été le premier à parler de la Douleur comme système de transmission, envoyant l'information de la périphérie, de la zone où est située la douleur jusqu'au cerveau. Avant, la Douleur était dans le cœur, la Douleur était une émotion. Descartes a été le premier à dire que non. Les nerfs comptent aussi. Quelque chose lié au cerveau.

ARACELI MANJÓN

Les traités des Nations Unies (ONU) régulant les drogues N'INTERDISENT PAS dans l'absolu la Réglementation du cannabis médicinal.

Nous ne voulons pas du cannabis pour traiter un orgelet, nous le voulons pour des maladies terribles!

Réguler le cannabis médicinal, permettre son accès aux patients est un impératif éthique et nous perdons du temps. Merci.

BERNARDO SORIANO

Bon, moi je pense qu'il faut être positif quant à la réponse qu'on donné les patients, les chercheurs, les docteurs et les politiques. Le fait que l'Observatoire (OECM) soit à présent un interlocuteur et que nous ayons réuni tous ces acteurs, impliqués dans la question du cannabis, pour ce que nous voulons non? pour ces politiques relatives au cannabis, c'est très significatif.

Ensuite, il faut remarquer l'humanité qui se dégage de ce type d'événements, qui donne la chair de poule... et aussi, le point un peu négatif serait que certains Partis qui devraient avoir une position claire et voir cette terrible réalité des usagers de cannabis médicinal, et pourraient avoir un peu plus de compassion avec eux non?

Enfin, l'opportunité politique, les temps, ont plus d'influence que les besoins et demandes des patients, et ce serait le point négatif. Mais le bilan est bon, on y travaille et je pense que nous allons franchir des étapes pour un changement rapide.

Ensuite, saluer le travail réalisé par l'Observatoire (OECM) un travail fructueux, magnifique, qui a sans aucun doute apporté plus de qualité aux revendications et propositions.

 

  • MANIFESTE DES PATIENS :

Nous vous demandons de réguler le droit à l'Autoproduction et à la Culture collective compassionnelle. Permettez nous de nous entre aider! La situation actuelle ne nous apporte qu'insécurité juridique, sanitaire, beaucoup de stress et plus de douleur.

Merci de nous donner l'opportunité de vous exposer notre situation, nos besoins et quelques unes de nos solutions.

S'il vous plaît, considérez la politique d'irrégularités actuelle et celle à laquelle est soumise l'usage médicinal de cette substance, et la position dans laquelle nous nous laissez.

Pourvu que de votre position vous puissiez nous aider. Nous vous souhaitons de ne jamais devoir le vivre au niveau personnel!

... et s'il vous plaît, souvenez vous: LA DOULEUR NE PEUT PAS ATTENDRE !!

(+34) 972 527 248
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