Pourriture racinaire et cannabis
Les protistes de type Phytophthora
La Phytophthora (en grec « destructeur de plantes ») est un type de protistes de la famille des Oomycètes décrits pour la première fois par Heinrich Anton de Bary en 1875. Les protistes sont des organismes qui forment la quatrième catégorie du règne eucaryote, les trois autres étant les champignons, les animaux et les plantes. Plus de 100 espèces différentes de Phytophthora ont été décrites.
Cet organisme est capable de survivre au niveau des couches superficielles du sol (également dans les restes végétaux) durant de longues périodes de temps, causant des dommages sur de nombreux types de plantes, comme dans notre cas avec le cannabis. Il n’a donc pas besoin de plante-hôte pour survivre, et attaque celles qui sont à proximité quand les conditions de températures et d’humidité dans l’armoire de culture ou en extérieur sont adéquates pour sa reproduction.
Développement et reproduction du pourrissement racinaire
Pour que cet organisme s’active, des températures approximatives de 15 à 24ºC sont nécessaires, le printemps et l’automne sont donc les saisons les plus propices au développement et à l’activité du Phytophthora. Utiliser trop d’engrais pour le cannabis riche en azote, cultiver dans un sol trop humide (ou avec peu de drainage) et/ou trop chaud favorisent également son apparition.
L’infection se propage par reproduction sexuelle (oospores) ou asexuelle (à travers les zoospores) ; à partir de ces organismes, le mycélium germe et se développe pour attaquer par la suite les tissus végétaux, spécialement les racines et le collet des plantes.
La principale différence qu’il possède avec les champignons se trouve au niveau des parois cellulaires qui sont composées de cellulose pour le Phytophthora, alors que celles des champignons sont en chitine. Au niveau général, les Oomycètes sont plus proches des plantes que des animaux, à l'inverse des champignons.
Symptômes et conséquences de la pourriture racinaire
Au départ, et pour ce qui est du niveau aérien de la plante, il est possible d’observer un ralentissement général du développement. Les feuilles se tâchent et souffrent de chlorose (elles deviennent jaunes) pour ensuite devenir marron et tomber. Ainsi, le feuillage est toujours plus rare et moins vert. L’état général de la plante empire rapidement, avec des flétrissures générales aux tonalités marrons sur les feuilles, les têtes et les troncs.
Sous terre, il est possible d’observer des nécroses au niveau des poils absorbants des racines, qui petit à petit cessent d’absorber l’eau et les nutriments (ce qui provoque les symptômes de tâches sur les parties aériennes de la plante). Des racines de couleurs marron avec des pointes nécrosées se décomposant petit à petit peuvent être observées, ce qui peut engendrer de nouveaux problèmes. La base du tronc peut montrer également des colorations obscures et brunes.
Fondamentalement, et comme c’est le cas pour d’autres maladies du sol comme le Pythium, un flétrissement général de la plante peut être observé, spécialement durant les heures les plus chaudes de la journée. Nous verrons également que, malgré l’arrosage, il n’est pas possible de redresser les feuilles et le tronc. De nombreux cultivateurs pensent que la plante manque d’eau et qu’ils doivent donc arroser en abondance, ce qui, loin de résoudre le problème, aggrave plutôt l’état de la plante. Les plantes peuvent effectivement mourir une semaine après avoir montré les premiers symptômes.
Prévention et contrôle de la pourriture racinaire
Nous devons commencer par rappeler que soigner – ou même simplement contrôler – une attaque de pourriture racinaire durant une culture est presque impossible. Ainsi, il ne reste qu’une solution possible pour éviter son apparition dans nos cultures : la prévention. Pour cela, nous devrons respecter les points suivants :
- Utiliser un substrat prévu pour le cannabis avec une bonne capacité de drainage et qui ne retienne pas trop l’humidité.
- Ne pas arroser en excès afin que le substrat ne soit pas constamment imbibé d’eau.
- Ne pas arroser avec de l’eau chaude ou durant les heures les plus chaudes.
- Ne pas fertiliser en excès le substrat (spécialement en azote).
- Que ce soit avec des graines ou des boutures, l’hygiène est fondamentale. Désinfecter tous les ustensiles de culture et de clonage.
- Utiliser de la vie microbienne bénéfique pour les racines, comme par exemple le Trichoderma, qui protège le système racinaire des plantes.
- Jeter tout substrat qui aurait été infecté.
- Contrôler la température du substrat afin qu’elle ne soit pas trop élevée.
- Surélever les pots, et les désinfecter, spécialement s’il s’agit de boutures ou de plantes blessées au niveau du tronc.