Fumer, vaporiser et ingérer du cannabis. Quelles différences ?

Avant d’aborder spécifiquement ces trois modes de consommation, il faut souligner qu’ils ont tous quelque chose en commun, puisqu’ils nécessitent tous de chauffer le cannabis. C’est ce processus qui permet la décarboxylation des cannabinoïdes et donc leur transformations en composés pharmacologiquement actifs.

La décarboxylation est une réaction chimique au cours de laquelle un groupe carboxyle (-COOH) est retiré d'un composé sous forme de dioxyde de carbone (CO2). Ce processus active les cannabinoïdes présents dans la plante de cannabis, lesquels s’y trouvent sous leur forme acide (THCA ou CBDA, par exemple), les transformant ainsi en cannabinoïdes comme le THC ou le CBD.

La décarboxylation du cannabis est donc nécessaire à la manifestation, par exemple, des effets psychoactifs du cannabis. En effet, sous sa forme acide, le THC (alors appelé THCA) ne génère pas la psychoactivité associée à la consommation de cannabis. Par conséquent, même dans le cas d’une consommation par ingestion, il est recommandé de chauffer le cannabis au préalable (en lui cuisinant d’une manière ou d’une autre) pour en activer les composants.

Fumer, vaporiser et ingérer du cannabis. Quelles différences ?

Comprendre les différences fondamentales entre ces trois modes de consommation implique de se concentrer sur la manière dont est chauffé le cannabis et sur la façon dont il est métabolisé dans l’organisme.

  • Fumer du cannabis : l’herbe atteint une température suffisante à entrainer sa combustion. La fumée alors produite est ensuite inhalée, tout comme est consommé le tabac. Les effets psychoactifs se manifestent 30 secondes à quelques minutes après l’inhalation et se prolongent durant 1 à 3 heures et demie.
  • Vaporiser du cannabis : la marijuana n’entre pas en combustion : elle n’est pas brûlée et ne génère pas de fumée. En fait, l’herbe est chauffée par vaporisation à une température spécifique et c’est ce phénomène qui entraine l’activation de ses composants qui sont libérés dans le nuage de vapeur. Il s’agit, ici aussi, d’une méthode de consommation par inhalation, ce qui explique sa rapidité d’action similaire à celle produite par la combustion.
  • Ingérer du cannabis : les composés présents dans la plante sont métabolisés par le foie, d’où un temps d’action plus lent que lors de l’inhalation. Les space cakes et autres édibles ne produisent donc leur effet que 30 minutes à 2 heures après leur ingestion. Mais, ils ont beau se manifester tardivement, les effets générés par l’ingestion de cannabis sont particulièrement durables, puisqu’ils persistent entre 5 et 8 heures.

Maintenant que nous avons vu les principales différences entre ces divers modes de consommation du cannabis, passons en revue leurs intérêts respectifs pour déterminer laquelle est la meilleure et la moins risquée.

Lorsqu’on fume de la marijuana, le THC et les autres substances chimiques présentes dans la plante passent par les poumons, puis dans le sang, lequel les transporte rapidement au cerveau.
Lorsqu’on fume de la marijuana, le THC et les autres substances chimiques présentes dans la plante passent par les poumons, puis dans le sang, lequel les transporte rapidement au cerveau.

Fumer du cannabis. Le pire mode de consommation de la marijuana ?

La combustion du cannabis entraîne la libération de nombre des toxines qu’on trouve dans la fumée du tabac, comme le démontre une étude publiée en 2018. Celle-ci mentionne, entre autres, les substances cancérigènes suivantes:

  • Acétaldéhyde et le formaldéhyde
  • Nitrosamines
  • Phénols
  • Hydrocarbures
  • Ammoniac
  • Monoxyde de carbone

Au contraire du tabac, aucune étude n’a encore démontré que fumer du cannabis provoquait le cancer du poumon. Mais ce fait est sans doute uniquement la conséquence du peu d’études consacrées au sujet. En effet, la présence des substances mentionnées ci-dessus dans la fumée du cannabis rend très certainement cette dernière nocive pour l'épithélium respiratoire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle fumer de la marijuana entraine sans le moindre doute une inflammation des voies respiratoires chez certains consommateurs. Ce mode de consommation est donc le plus dangereux des trois que nous abordons dans cet article.

Vaporiser du cannabis. Une bonne alternative ?

La vaporisation a gagné en adeptes au cours de la dernière décennie, si bien qu’en 2014, le mot anglais « vape » fut désigné mot de l’année par le célèbre Dictionnaire d’Oxford. Vaporiser du cannabis permet de réduire les risques associés à l’inhalation de fumée en évitant les composés cancérigènes produits par la combustion.

De plus, vaporiser du cannabis présente d’autres avantages indépendants des questions de santé. En effet, les vaporisateurs offrent une expérience de consommation de meilleure qualité. C’est en tous cas ce qu’avancent plusieurs études qui expliquent que le cannabis vaporisé a meilleur goût que la fumée de cannabis et que sa consommation est plus discrète.

Si la question du goût est hautement subjective (certains préfèrent la combustion justement pour son goût et son arôme si particulier), celle de la discrétion ne laisse pas place au débat. Or, nombreux sont ceux qui apprécient consommer du cannabis sans attirer l’attention, grâce à des vaporisateurs portables ayant l’apparence de cigarettes électroniques.

Il ne faut néanmoins pas oublier que, s’agissant d’une pratique nouvelle, les effets à long terme de la vaporisation et du vapotage sur la santé sont mal connus. D’autres études doivent encore être menées pour déterminer si ce mode de consommation affecte les poumons (bien qu’il compte moins de substances toxiques).

Comme le tabagisme, la vaporisation recourt aux poumons pour absorber les cannabinoïdes. La seconde engendre toutefois moins d’effets secondaires nocifs que le premier.
Comme le tabagisme, la vaporisation recourt aux poumons pour absorber les cannabinoïdes. La seconde engendre toutefois moins d’effets secondaires nocifs que le premier.

La vaporisation du cannabis amplifie les effets psychoactifs

Une étude publiée en 2018 dans la revue JAMA Network affirma que les effets psychoactifs du cannabis sont plus puissants quand celui-ci est vaporisé que quand il est fumé. Il s’agirait donc d’un mode de consommation plus efficace. Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de l’étude ont étudié les effets psychoactifs ressentis par des fumeurs et par des utilisateurs de vaporisateurs, ainsi que leurs taux sanguin de THC après consommation. Bien que les deux groupes eussent consommé exactement les mêmes doses de cannabis, ceux qui avaient recouru à la vaporisation ont signalé un ressenti plus puissant, sensation corroborée par des tests sanguins arrivant à la même conclusion.

Cette différence pourrait résider dans le processus de combustion du cannabis fumé, lequel provoquerait la décomposition d’une partie du THC à cause des températures très élevées. Les auteurs de l’étude soulignent donc la nécessité d’adapter les doses de THC au mode de consommation.

Les effets nocifs possibles de la fumée du cannabis sont de mieux en mieux documentés. On sait aujourd’hui qu’elle contient certains des produits de combustion toxiques que l'on trouve dans la fumée de tabac.

Les avantages et inconvénients de l’ingestion du cannabis

La marijuana n’est pas métabolisée par le système digestif de la même manière que l’est sa fumée dans les poumons. Les effets engendrés par l’ingestion de cannabis sont donc spécifiques. Dans le foie, le THC est transformé en une molécule distincte, le 11-hydroxy-THC (11-OH-THC). Ce métabolite très actif traverse aisément les membranes qui séparent les vaisseaux sanguins du tissu cérébral, d'où son puissant effet psychoactif. À cela s’ajoute une plus importante interaction avec les récepteurs CB1 du système endocannabinoïde que les molécules de THC inhalées.

Cette voie de métabolisation engendre donc des effets psychoactifs plus tardifs certes, mais aussi plus intenses que l’inhalation. La mesure précise de la quantité de cannabis nécessaires à engendrer l’effet désiré est donc plus complexe s’agissant d’ingestion que d’inhalation. Ainsi, bien qu’elle ne présente aucun danger pour le système respiratoire, l’ingestion de cannabis n’est pas pour autant sans risque, le plus important d’entre eux étant celui d’une consommation excessive qui pourrait conduire des consommateurs inexpérimentés à vivre une expérience particulièrement désagréable.

Il est possible de contourner le processus de digestion du cannabis en le consommant par voie orale sous une forme sublinguale. Ce mode de consommation permet un meilleur contrôle des quantités consommées et entraine un effet moins durable.
Il est possible de contourner le processus de digestion du cannabis en le consommant par voie orale sous une forme sublinguale. Ce mode de consommation permet un meilleur contrôle des quantités consommées et entraine un effet moins durable.

Le thé de cannabis. Un mode de consommation plein d’intérêts

Certains d’entre vous désirent sans doute éviter les risques liés à l’inhalation sans pour autant oser se lancer dans l’ingestion. Voici donc une alternative efficace : le thé de cannabis. C’est en tous cas ainsi que le présente une étude néerlandaise qui a analysé les composants du thé de cannabis, lequel est en vente libre dans les pharmacies des Pays-Bas.

L’étude a mis en avant la puissance limitée du thé de cannabis. Les chercheurs ont avancé deux explications possiblement complémentaires à cet état de fait : d’une part, seule une partie du THCA serait convertie en THC lors de l’ébullition et, d’autres part, le THCA (la forme acide du THC, qui ne provoque pas d’effets psychoactifs) est davantage soluble dans l’eau que le THC. Le thé contient donc également la forme inactive de ce cannabinoïde. Et sa puissance psychoactive est donc inférieur à d’autres modes de consommation plus efficaces dans la conversion du THCA en THC.

Par ailleurs, cette forme acide du plus célèbre des cannabinoïdes, le THCA, est capable de moduler le système immunitaire. Il présente donc des propriétés thérapeutiques. C’est la raison pour laquelle cette étude néerlandaise a désigné le thé de cannabis comme un mode de consommation particulièrement intéressant.

Méthodes de consommation du cannabis

Nous nous intéressons ici aux différents modes de consommation du cannabis, par voie orale (inhalé, ingéré et sublinguale), mais aussi trans-dermique. Pour une consommation optimale il est bien sûr impératif de soigner les étapes de germination, culture, récolte, séchage et affinage afin de s'assurer de la qualité sanitaire du produit, avant de choisir son mode d'absorption favori parmi les nombreuses techniques utilisées dans les domaines médicaux comme récréatifs.

Une consommation responsable pour une expérience agréable

Comme le disait le médecin et alchimiste suisse Paracelse, « toutes les substances sont toxiques… C’est la dose qui fait la différence entre un remède et un poison. » Il est néanmoins incontestable que certaines substances sont plus nocives que d’autres, notamment les substances cancérigènes. Réduire les risques de façon raisonnable implique donc d’éviter la fumée de cannabis et de lui préférer la vaporisation ou l’ingestion.

Toutefois, aucun mode de consommation de cette plante n’est entièrement sans danger. Une consommation raisonnable et une bonne connaissance de notre corps sont donc indispensables à une réduction des possibles risques pour profiter au maximum de tout ce que cette plante peut nous offrir.

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Références:

  • Cannabis tea revisited: A systematic evaluation of the cannabinoid composition of cannabis tea. Arno Hazekamp, Krishna Bastola, Hassan Rashidi, Johan Bender, Rob Verpoortea
  • Cannabis Use, Lung Cancer, and Related Issues. James Jett, Emily Stone, Graham Warren, Michael Cummings.
  • Vaping cannabis (marijuana): parallel concerns to e-cigs? Alan J. Budney, James D. Sargent, Dustin C. Lee.
  • Acute Effects of Smoked and Vaporized Cannabis in Healthy Adults Who Infrequently Use Cannabis. Tory R. Spindle, Edward J. Cone, Nicolas J. Schlienz

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