Rinçage des racines : Mythe ou réalité ?
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Pendant des années, la croyance selon laquelle il faut arroser uniquement avec de l'eau pendant les deux dernières semaines de culture pour éliminer les nutriments du substrat et, surtout, de la plante, était un sujet que peu de gens auraient osé aborder. La tendance générale affirmait (sans aucune base scientifique, si ce n'est des opinions subjectives) que si, pendant cette dernière période de maturation, seule l'eau était utilisée pour l'irrigation et qu'aucun engrais n'était utilisé, la plante consommerait les nutriments du sol et, une fois ceux-ci terminés, elle utiliserait les nutriments stockés dans ses tissus, améliorant ainsi considérablement la saveur et l'arôme des fleurs une fois sèches.
Ainsi, cette technique - appelée généralement "lavage des racines" - se voyait accorder une série d'avantages en termes de qualité du produit final : qualités organoleptiques supérieures à celles du non-lavage, combustion sans crépitements, cendres blanches et un long etcetera de propriétés qui, bien qu'elles n'aient aucune base scientifique, étaient communément acceptées sans objections majeures. Cependant, au cours des dernières années, une série d'études scientifiques qui remettent en question ces affirmations sont apparues, ce qui n'a fait que déclencher un débat passionné entre les détracteurs et les partisans du lavage des racines. Aujourd'hui, sur la base de ces deux études, nous proposons d'entrer dans ce débat et de tenter d'élucider l'intérêt ou non d'appliquer cette technique de culture traditionnelle.
Le rinçage des racines en fin de culture
Avant d'aller plus loin, il convient de clarifier un point important : tout au long de cet article, nous ferons référence au rinçage des racines comme étant la technique consistant à fournir exclusivement de l'eau aux plantes pendant les deux dernières semaines de culture environ. Certains choisiront une période de 10 jours ou d'une semaine, mais nous nous référons à la fin de la culture et non à un rinçage occasionnel qui peut être nécessaire au milieu de la culture en raison, par exemple, d'une surfertilisation des plantes.
En effet, lors de la culture, on peut commettre des erreurs telles que la surfertilisation des plantes qui nous amènent à devoir laver ou lessiver le substrat afin d'en "retirer" les excès de nutriments en les entraînant avec l'eau de drainage. Normalement, on utilise aussi des enzymes dans ces cas-là, ce qui permet de décomposer plus facilement les nutriments accumulés. Il s'agit d'une solution ponctuelle à un problème spécifique et ce n'est pas quelque chose qui devrait être fait normalement, surtout si nous avons ajouté une vie microbienne au milieu de culture.
Aujourd'hui, nous n'allons pas parler de cette méthode ni la remettre en question, mais plutôt nous concentrer sur le rinçage final pendant les dernières semaines de culture, une pratique très courante surtout chez ceux qui utilisent des engrais minéraux ou qui cultivent dans des substrats inertes comme l'argile, la laine de roche ou la fibre de coco. L'idée est de cesser d'apporter des nutriments au milieu de culture (et, par conséquent, à la plante) dans la phase finale de la floraison afin que, toujours en théorie, la plante "consomme" les nutriments accumulés dans ses tissus, de sorte qu'il n'y ait aucun résidu de ceux-ci une fois les têtes séches.
Avant de passer en revue les études sur la question, examinons certains des avantages et des inconvénients invoqués par les partisans et les opposants de cette méthode :
Avantages du lavage des racines en fin de culture
- Améliore la saveur et l'arôme des fleurs séchées
- Aucune influence sur la quantité de cannabinoïdes et de terpènes présents dans les fleurs séchées
- Aucun impact négatif sur le rendement final
- Permet d'économiser les nutriments pendant les dernières semaines de la période de floraison
- Meilleure combustion, pas d'étincelles occasionnelles en fumant, cendres blanches
Inconvénients du rinçage des racines en fin de culture
- Une diminution de la quantité de nutriments aura un effet négatif sur le développement de la plante
- Les rendements et la quantité de cannabinoïdes et de terpènes seront plus faibles
- Sans éléments tels que le calcium ou le bore, la maturation peut s'arrêter ou être ralentie
- La saveur et l'arôme ne seront pas affectés négativement par l'absence de lavage
Comme on peut le constater, ces questions ne sont pas sans importance, car la qualité finale du produit obtenu, tant en termes de goût et d'arôme que de teneur en cannabinoïdes et en terpènes, fait l'objet de discussions (mais pas d'un accord). Pendant des décennies, l'évaluation de chaque cultivateur et les connaissances partagées dans son entourage ont été le principal guide pour décider de laver ou non les racines, car il n'existait aucune preuve scientifique pour soutenir l'une ou l'autre option. Voyons maintenant ce que la science a à dire sur cette question.
Études sur le rinçage des racines du cannabis
En 2017, Jonathan Stemeroff a soumis une thèse à l'Université de Guelph (Canada) pour son master en sciences de l'environnement, intitulée Stratégies de gestion de l'irrigation pour le cannabis médical en environnement contrôlé (Irrigation Management Strategies for Medical Cannabis in Controlled Environments). Cette étude, qui s'est concentrée sur des aspects tels que le contrôle de l'irrigation et la relation entre les besoins en eau des plantes et des facteurs tels que le déficit de pression de vapeur, a également étudié les effets du rinçage des racines et est arrivée à une conclusion claire : le rinçage des racines était inefficace pour éliminer des quantités importantes de nutriments des fleurs.
Dans cette étude, 3 essais ont été menés durant lesquels les résultats du rinçage des racines ont été analysés pour chaque essai, concluant qu'il n'a pas réduit les niveaux de nutriments stockés dans les têtes dans aucun des cas, et que l'utilisation de nutriments pendant cette période n'a pas augmenté les niveaux de cannabinoïdes et de terpènes, ni le rendement des plantes, ni amélioré leur arôme et leur saveur. Le débat - désormais fondé scientifiquement - était lancé, et les partisans de l'une ou l'autre position se sont rapidement retrouvés au cœur de discussions animées sur les forums et les réseaux sociaux.
Les saveurs du cannabis
D’où vient le goût si particulier de la marijuana ? Voilà bien une question que tous les consommateurs de cannabis se sont posée au moins une fois. Et ce n’est pas étonnant, puisque la marijuana a cette capacité incroyable de proposer des goûts et des saveurs incroyablement variés qui évoquent tantôt le formage, tantôt les oranges, en passant par l’encens, l’essence et tant d’autres. Dans cet article, nous répondrons donc à cette question que nous sommes si nombreux à nous poser. Nous en profiterons pour passer en revue les variétés qui ont le plus profondément marqué l’histoire cannabique grâce à leur complexité aromatique hors norme.
Un peu plus tard, en 2020, la société américaine de nutriments RX Green Technologies a lancé une étude complète sur l'efficacité du rinçage des racines pendant la dernière période de la vie de la plante, intitulée Impacte de différentes périodes de rinçage sur la qualité et la saveur du Cannabis Sativa L (Impact of different flushing times on quality and taste in Cannabis Sativa L). Bien qu'il s'agisse d'une analyse réalisée par une entreprise privée et sans examen par les pairs (condition indispensable pour être considéré comme un article universitaire/scientifique), il n'en reste pas moins vrai qu'elle représente l'étude la plus complète sur le sujet à ce jour, avec une grande quantité de données collectées et analysées par son équipe d'experts, dirigée par le Dr Stephanie Wedryk. Telles sont les principales caractéristiques de cette recherche :
- Étude visant à déterminer l'impact du rinçage des racines en fin de culture.
- Des plantes de Cherry Diesel sont utilisées pour le test
- Les plantes sont divisées en groupes, qui auront des périodes de rinçage des racines (irrigations d'eau uniquement) de 14, 10, 7 et 0 jours
- En fin de culture, on évalue le rendement, la teneur en cannabinoïdes et en terpènes, le goût et l'arôme (test en aveugle) et l'analyse de la teneur en minéraux des feuilles
Les résultats de cette étude sont consistants et cohérents, même s'il nous manque plus d'informations sur les méthodes analytiques utilisées pour la réaliser, ainsi qu'un examen par les pairs des résultats obtenus. Commentons maintenant point par point les résultats de ce procès.
Contenue en cannabinoïdes et terpènes
Le contenu en THC de chaque groupe montre très peu de variation entre les différents groupes, avec un pourcentage minimum de 21,58% dans le groupe ayant reçu 14 jours de lavage et un maximum de 22,73% dans le groupe ayant reçu 7 jours de lavage. Statistiquement, les différences constatées ne sont pas significatives.
En ce qui concerne les terpènes, une attention particulière a été accordée aux plus prédominants dans le Cherry Diesel : le bêta-myrcène, le bêta-caryophyllène et le terpinolène, et les autres ont été regroupés. Comme on peut le voir sur le graphique, les échantillons ayant la plus forte teneur en terpènes sont précisément ceux qui n'ont pas été lavés du tout, même si, là encore, les différences ne sont pas statistiquement significatives puisqu'elles sont pratiquement identiques.
Rendement de fleurs sèches
Les résultats concernant le rendement sont quelque peu curieux, car comme nous l'avons vu avec la teneur en THC, les "protagonistes" avec les valeurs les plus élevées et les plus basses sont à nouveau le lavage de 14 jours et le rinçage de 7 jours, mais cette fois-ci dans l'autre sens. Le groupe ayant le rendement le plus faible s'est avéré être celui qui a reçu 7 jours de rinçage (89,47 g/plante), tandis que le rendement le plus élevé a été celui qui a reçu 14 jours de rinçage (103,2 g/plante). Sur la base des résultats, pourrait-on établir une relation selon laquelle plus le rendement est élevé, plus la concentration en THC est faible et vice versa ? D'autres tests seraient nécessaires pour en avoir le cœur net, mais c'est certainement un point intéressant pour les recherches futures.
Coloration des feuilles
L'étude montre que les plantes dont la période de rinçage des racines est de 14 et 10 jours ont perdu une grande partie de leur couleur verte caractéristique et sont devenues jaunes. D'après leurs conclusions, cela est dû à une dégradation accrue de la chlorophylle dans ces cas-là.
Teneur en minéraux des fleurs
Des échantillons de fleurs ont été prélevés le jour de la récolte pour des analyses ultérieures. Les données révèlent très peu de différences entre les différents groupes, avec des teneurs en minéraux très proches les unes des autres. La plus grande différence a été observée pour le fer et le zinc, avec des concentrations plus élevées dans le rinçage de 14 jours. Cela pourrait être dû au fait qu'en utilisant uniquement de l'eau, la plante assimile les deux nutriments accumulés à partir du substrat (le fer et le zinc sont impliqués dans les processus de sénescence des plantes).
Extraction de résine
La qualité et le rendement des extractions de résine ont été évalués, avec des résultats similaires à ceux que nous avons observés jusqu'à présent (différences minimes entre les groupes). Les groupes qui ont obtenu les meilleurs résultats sont ceux qui ont reçu le plus de lavage de racines, 17,97% pour le groupe de 14 jours et 18,21% pour le groupe de 10 jours, tandis que le groupe de 7 jours a obtenu 16,39% et le groupe qui n'a reçu aucun lavage 16,17%.
Cependant, en ce qui concerne l'aspect visuel, il n'y a pas de doute, la meilleure extraction provenait du groupe sans lavage (plus claire et plus transparente et avec un degré de nucléation plus faible), tandis que la moins bien classée dans cet aspect était, précisément, celle qui avait reçu le lavage de 14 jours.
Test de qualité des fleurs en aveugle
Enfin, des échantillons de chaque groupe sans aucun type d'identification (fleurs séchées) ont été envoyés à différentes personnes connues dans le secteur pour une évaluation en aveugle de chaque échantillon, dans laquelle des aspects tels que la couleur de la cendre, la qualité du goût ou le degré d'irritation de la gorge devaient être notés. Là encore, les résultats sont très similaires et les différences sont minimes, même si, curieusement, ce sont les échantillons qui n'ont pas été lavés qui ont obtenu les meilleurs résultats. Tous les tableaux et graphiques de l'étude peuvent être consultés sur le site web de RX Green Technologies.
Conclusions sur le rinçage des racines durant la culture de cannabis
Bien que les deux études que nous avons présentées aujourd'hui manquent de données et/ou de revues, il n'en est pas moins vrai qu'il est curieux qu'elles présentent toutes deux des résultats similaires : nourrir les plantes avec des nutriments pendant les 14 derniers jours de culture ou ne pas le faire (arrosage uniquement avec de l'eau) n'aurait pas d'impact significatif sur la qualité des fleurs obtenues, ni sur leur contenu en cannabinoïdes et en terpènes, ni sur le pourcentage de nutriments présents dans celles-ci, ni même sur le rendement final de la culture en termes de poids de fleurs sèches.
Ce qui est clair pour la plupart des personnes qui ont lu ces études, c'est qu'il est inutile de continuer à nourrir les plantes pendant les deux dernières semaines de culture. Il est donc beaucoup plus pratique, économique et respectueux pour l'environnement d'effectuer le rinçage final des racines en arrosant uniquement avec de l'eau pendant cette période.
Et vous, que pensez-vous du lavage, êtes-vous un partisan ou un détracteur de cette technique ? Comme toujours, nous serons ravis de lire vos commentaires, idées ou conseils sur le sujet ; pour notre part, et bien que nous ayons déjà une idée assez bien formée sur le sujet, nous ferons quelques tests dans un avenir proche, c'est certain !
En vous souhaitant d’excellentes cultures !
