10 femmes qui ont marqué l’histoire du cannabis

On présente souvent la consommation de cannabis comme une pratique exclusivement masculine. Mais c’est là une grossière erreur. Des herboristes du Moyen Âge jusqu’aux thérapeutes actuels, les sociétés humaines ont toujours recommandé l’utilisation de cannabis pour apporter bien-être aux femmes qui en ont toujours été de ferventes consommatrices. Il reste encore beaucoup de travail à faire pour définitivement éliminer tous les stéréotypes négatifs qui entourent cette plante et que beaucoup véhiculent encore de nos jours, en plein XXIe siècle.

En guise d’illustration de conduites progressistes que nous devrions prendre en exemple, voici 10 femmes qui ont recouru au cannabis à travers l’histoire pour changer leur propre vie, mais aussi celle des autres. Elles ont largement contribué à mettre en avant les nombreux bienfaits de cette plante et nous leur sommes tous redevables.

Sainte Hildegarde de Bingen était un esprit brillant : elle a décrit la Terre vue depuis l’espace, elle a composé de la musique, elle a inventé une langue et elle fut la première femme à décrire un orgasme féminin.
Sainte Hildegarde de Bingen était un esprit brillant : elle a décrit la Terre vue depuis l’espace, elle a composé de la musique, elle a inventé une langue et elle fut la première femme à décrire un orgasme féminin.

Hildegarde de Bingen

Hildegarde de Bingen est une abbesse bénédictine allemande du XIe siècle. Elle était aussi écrivaine, compositrice, herboriste et mystique. C’était donc une personnalité révolutionnaire, bien loin des standards de son époque. Sa gloire, elle la devait notamment à ses pouvoirs de guérison au travers de l’application de teintures d’herbes médicinales.

Elle cultivait en effet du « Cannabus » dans son jardin, dont elle recommandait la consommation contre les nausées et les problèmes gastriques. Hildegarde, qui fut proclamée Docteur de l’Église par le pape Benoît XVI en 2012, consacra l’un des chapitres de son livre de botanique intitulé « Physica » aux applications médicinales du cannabis. Elle y présente la plante en ces termes :

Ses graines sont saines et propres à la consommation. La plante guérit également les ulcères et les blessures. Le corps l’assimile facilement, ce qui permet de réduire les mauvaises humeurs, de sorte que seules les bonnes persistent. Par ailleurs, elle n’est pas nocive à ceux qui sont sains de corps et d’esprit. »

Une sacrée déclaration en plein Moyen Âge classique !

L’autrice des « Filles du docteur March » rédigea également des contes très intéressants consacrés au haschisch, lesquels suggèrent qu’elle en aurait consommé sous forme d’édibles.
L’autrice des « Filles du docteur March » rédigea également des contes très intéressants consacrés au haschisch, lesquels suggèrent qu’elle en aurait consommé sous forme d’édibles.

Louisa May Alcott

Si vous connaissez « Les filles du docteur March » et ses suites, vous en connaissez très certainement l’autrice. Mais ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que le haschisch ne lui fut pas étranger. En effet, dans « Un jeu risqué », publié en 1869, elle conte l’histoire d’un groupe de jeunes gens de la haute société prenant du bon temps grâce à des bonbons au haschisch.

L’un d’eux décrit alors qu’ « une rêverie céleste s'empare du corps, dans lequel on se déplace comme si on flottait dans les airs. Tout est calme et beau : pas de douleur, pas de soucis, pas de peur. On se sent comme un ange à moitié endormi ». Sans compter que l'histoire s’achève en ces termes : « Que Dieu bénisse le haschisch, s’il permet aux rêves de terminer ainsi ! » La description que nous donne Alcott des effets du haschisch ne peut être le fait que d’une imagination débordante ou bien d’une expérience préalable.

La consommation d’éther, d’opium, de laudanum ou de cannabis à des fins thérapeutiques était courante dans l’Angleterre victorienne.
La consommation d’éther, d’opium, de laudanum ou de cannabis à des fins thérapeutiques était courante dans l’Angleterre victorienne.

La reine Victoria d’Angleterre

Voici l’un des chapitres les plus fascinants de l’histoire de la marijuana médicinale. La reine Victoria, l’emblème même du conservatisme britannique, consommait du cannabis pour soulager ses douleurs menstruelles.

Son médecin et fournisseur de cannabis, Sir J. Russel Reynolds écrivit en 1890 que « lorsqu'il est pur et soigneusement administré, [le cannabis] est l'un des médicaments les plus précieux que nous possédions ». On pense toutefois que la reine Victoria ne fumait pas et que Reynolds lui prescrivait plutôt des teintures de cannabis, ces concentrations liquides étant le mode d’administration le plus courant à l’époque. La consommation de cannabis ne semble cependant pas avoir aidé Victoria à faire face aux difficultés rencontrées dans l’expansion continue de son empire à travers le monde.

Chaque bouchée était un pur délice qui me perdait dans une brume de plaisir des sens. Je profitais non seulement des saveurs, mais aussi des sensations de cette nourriture dans ma bouche, des odeurs et du son de mes mâchoires qui mastiquaient.
Chaque bouchée était un pur délice qui me perdait dans une brume de plaisir des sens. Je profitais non seulement des saveurs, mais aussi des sensations de cette nourriture dans ma bouche, des odeurs et du son de mes mâchoires qui mastiquaient.

Maya Angelou

L’une des autrices et poétesse les plus célèbres de XXe siècle, qui fut également une icône du combat pour les droits civiques aux États-Unis, n’était pas du genre à se taire quand elle avait quelque chose à dire. Il n’est donc pas étonnant qu’elle ait jugé bon de partager son expérience dans l’univers du cannabis. Il faut dire qu’elle a entretenu une relation particulièrement étroite avec cette plante durant sa jeunesse. Elle lui attribuait même le mérite de l’avoir aidé à surmonter un traumatisme vécu durant son enfant.

Elle a longuement évoqué ce douloureux épisode dans sa seconde autobiographie intitulée « Gather Together In My Name » : « D'une raideur naturelle, je m’étais orienté vers une tolérance souriante. Marcher dans les rues était devenu une grande aventure, manger les grands dîners de ma mère un divertissement opulent, et jouer avec mon fils une hilarité déchirante. Pour la première fois, la vie m’amusait. » Quand elle évoquait « Mary Jane, le haschisch, l’herbe [ou encore] la marijuana », elle « ne craignait rien » et racontait avec moultes détails le goût exquis des aliments ou encore ses longues promenades alors qu’elle était défoncée.

Comme tant d’autres musiciens de son temps, “Lady Day” consommait du cannabis et d’autres substances. Mais, bien plus que ses collègues, elle eut à souffrir de l’escalade de la guerre contre les drogues, ainsi que de la misogynie et du racisme d’Harry J. Anslinger.
Comme tant d’autres musiciens de son temps, “Lady Day” consommait du cannabis et d’autres substances. Mais, bien plus que ses collègues, elle eut à souffrir de l’escalade de la guerre contre les drogues, ainsi que de la misogynie et du racisme d’Harry J. Anslinger.

Billie Holiday

La célèbre chanteuse de jazz américaine, que beaucoup considèrent comme l’une des voix féminines les plus importantes et influentes de ce genre musical, était particulièrement fière de sa relation au cannabis. Quand elle prenait une pause entre deux performances, elle montait dans un taxi pour y fumer de la marijuana en toute quiétude.

En effet, fumer dans son club ou dans ses alentours s’avérait trop dangereux. Il faut dire que le premier Commissaire de l’Office Fédéral des Narcotiques (aujourd’hui la DEA), Harry Anslinger l’a persécutée sans relâche tout au long de sa carrière. Il haïssait le jazz et la musique noire qu’il voyait comme la renaissance « des vieux rites indécents des Indes Orientales », comme l’affirme l’un de ses mémos internes. Il a d’ailleurs déclaré devant le Congrès que « ces Noirs aux grandes lèvres soudoyaient les femmes blanches avec du jazz et de la marijuana. »

Il a donc rapidement fait de Billie Holiday son ennemie jurée. Il profita de l’addiction de la chanteuse à l’héroïne pour appuyer sa propagande anti-drogue et pour s’attaquer aux consommateurs. En 1947, Anslinger parvint à arrêter Billie Holiday pour des faits de stupéfiants et à lui retirer sa licence de spectacle. Elle décéda privée d’une gloire qu’elle méritait amplement. Elle fut ainsi l’une des premières victimes de la guerre contre les drogues.

Son autobiographie renferme l’un des premiers plaidoyers en faveur des toxicomanes, ceux-là mêmes qu’Anslinger et ses politiques cherchaient à diaboliser : « Imaginez que le gouvernent s’en prenne aux diabétiques, qu’il taxe l’insuline et la renvoie ainsi vers le marché noir… et qu’il condamne les diabétiques à la prison… Voici le sort qu’il réserve quotidiennement aux toxicomanes. »

« Je suis d'avis que la marijuana n'est pas dangereuse, sauf si elle est consommée en quantités largement excessives. »
« Je suis d'avis que la marijuana n'est pas dangereuse, sauf si elle est consommée en quantités largement excessives. »

Margaret Mead

La grande anthropologue américaine s’est retrouvée dans la tourmente en 1969, les média s’attaquant violement à elle et la traitant de « toxicomane » après qu’elle eut plaidé en faveur de la légalisation de la marijuana devant le Sénat américain. Son discours, plein de références aux sociétés humaines qui recourent au cannabis, démontait méthodiquement l’argument anti-marijuana classique qui en fait un point d’entrée vers les drogues dures. Son raisonnement était scandé de déclarations fortes dont certaines sont entrées dans l’histoire :

« Nous nuisons à ce pays, nous nuisons à nos lois, nous nuisons aux relations intergénérationnelles avec cette politique prohibitionniste ; tout cela est bien plus dommageable que les nuisances qu’on impose à quelques gros consommateurs, car c’est l’excès en soi qui est nuisible. »

L’indignation était prévisible et, franchement, assez risible : des journalistes affirmèrent carrément que Margaret « poussait les enfants à consommer de l’héroïne ». Le gouverneur de Floride s’est quant à lui permis de la traiter de « vieille saleté ». C’était ça l’âge d’or de la prohibition.

El activismo de Mary Jane Rathbun motivó a los investigadores a proponer uno de los primeros ensayos clínicos para estudiar los efectos de los cannabinoides en adultos infectados con el VIH
L’activiste Mary Jane Rathbun a incité les scientifiques à proposer les premiers essais cliniques consacrés à l’étude des effets des cannabinoïdes sur les adultes atteints du VIH.

Mary Jane Rathbun

Celle qu’on connait sous le surnom de « Brownie Mary » était une fervente activiste du cannabis médicinal et une femme généreuse qui servit longtemps comme bénévole au General Hospital de San Francisco. Elle s’est fait connaitre dans les années 1980 et 1990 alors qu’elle distribuait illégalement des space cakes à des patients atteints du SIDA. Elle croyait dans les vertus de cette plante et savait que ses brownies apaiseraient les nausées et les douleurs des malades. Toujours le sourire aux lèvres, elle devint rapidement l’héroïne de la communauté gaye de San Francisco et de ces patients auxquels on refusait alors tout soutien médical, psychologique ou social. Mais Mary Jane Rathbun ne s’est pas contentée de cuisiner des brownies.

En 1991, elle participa à la campagne – couronnée de succès – en faveur de l’adoption de la Proposition P à San Francisco, laquelle recommandait à l’État de Californie de placer la marijuana dans la liste des médicaments autorisés. L’année suivant, elle assista son ami, l’activiste du cannabis médicinal Dennis Peron dans l’ouverture du premier dispensaire du pays, le San Francisco Cannabis Buyers Club.

Mary Rathbun n’était pas qu’une activiste cannabique. C’était aussi une grande consommatrice. Tous les matins, elle petit-déjeunait un demi-brownie préparé à base de marijuana offerte par des cultivateurs locaux. La seconde moitié du brownie, elle la gardait pour la soirée. Elle apaisait ainsi son arthrite et la douleur provoquée par ses rotules artificielles. Malgré plusieurs arrestations, elle demeura jusqu’à sa mort une fervente activiste du cannabis médicinal. C’est ce dévouement sans faille qui lui a valu le surnom affectueux de « Brownie Mary ».

Susan Sontag, c’est l’alcool, l’herbe, le punk rock, les années 1970 et, toujours la vérité.
Susan Sontag, c’est l’alcool, l’herbe, le punk rock, les années 1970 et, toujours la vérité.

Susan Sontag

Tout comme d’autres autrices célèbres de cette liste, Susan Sontag était en avance sur son temps. Critique culturelle renommée, elle s’exprimait sur des thèmes que les autres écrivains n’osaient pas aborder. Guerre du Vietnam, guerre en Bosnie ou encore épidémie de SIDA. Rien ne lui faisait peur. Elle n’écrivait jamais sous l’influence du cannabis, ayant besoin, pour être productive, d’une célérité d’action incompatible avec la consommation de cette plante. Pourtant, elle défendait sans relâche les bienfaits de la marijuana, ne se gênant pas pour s’attaquer au passage à d’autres drogues comme l’alcool. Sontag, qui décéda en 2004, est entrée dans l’histoire cannabique grâce, entre autres, à un entretien accordé à High Times en 1973, dans lequel elle déclara :

« Je pense que la marijuana est bien meilleure que l’alcool. Je pense qu’une société dépendante d’une drogue aussi destructrice et malsaine que l’est l’alcool, n’a aucun droit à interdire l’usage d’une drogue bien moins nocive. »

Pour Cristina Sánchez, le potentiel thérapeutique du cannabis est immense.
Pour Cristina Sánchez, le potentiel thérapeutique du cannabis est immense.

Dra. Cristina Sánchez

L’Europe n’est pas à plaindre en matière de figures féminines œuvrant en faveur du cannabis. En effet, l’un des plus éminents spécialistes de la marijuana médicinale est la doctoresse Cristina Sánchez, qui est biologiste moléculaire à l’Université Complutense de Madrid. C’est elle qui découvrit les propriétés antitumorales du cannabis.

Dès les années 1990, elle a orienté ses recherches vers le potentiel thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes. Elle a ainsi pris part à certains des projets les plus ambitieux en la matière et a ainsi pu mettre en avant le potentiel du THC comme traitement oncologique : « Les médicaments à base de cannabinoïdes présentent l’intérêt fondamental d’attaquer spécifiquement les cellules tumorales sans nuire aux cellules saines » dit-elle. Critsina Sánchez a ainsi fait œuvre pionnière, soulignant le potentiel du cannabis il y a plus de dix ans déjà. Elle est aujourd’hui Secrétaire générale de l’Observatoire espagnol du cannabis médicinal (OEDCM).

« Je veux qu’à ma mort, mes cendres soient mélangées à de la terre et qu’on y plante de la marijuana. »
« Je veux qu’à ma mort, mes cendres soient mélangées à de la terre et qu’on y plante de la marijuana. »

Fernanda de la Figuera

Terminons avec celle qu’on surnomme « Abuela Marihuana » (Grand-mère marijuana) en raison de ses plus de 30 années d’activisme pro-cannabique. En 1995, la gendarmerie espagnole, la Guardia Civil fouilla le petit potager de Fernanda et s’y saisit de marijuana, de tomates et de maïs. S’ensuivit un procès dont la sentence reconnut l’aspect thérapeutique de ces cultures. Fernanda de la Figuera fut donc acquittée et reçut l’autorisation de cultiver du cannabis sur son terrain. Elle devint ainsi de facto la première cultivatrice de cannabis légal d’Espagne.

Son engagement sans faille lui valut une reconnaissance internationale. C’est ainsi la seule espagnole à avoir reçu le Cannabis Culture Awards. Fernanda fut également membre fondatrice et présidente de l’Association Ramón Santos d’Études du Cannabis en Andalousie (ARSECA). C’était la première femme présidente d’une association en Espagne. Elle fut aussi la fondatrice du premier parti politique pro-cannabis du pays, le Partido Cannabis por la Legalización y la Normalización (PCLYN). Elle fonda enfin la Fédération des Associations Cannabiques (FAC).

Fernanda continue aujourd’hui son combat, malgré son grand âge, sa santé délicate et une condamnation à 9 mois de prison en 2019, après une descente de police au cours de laquelle furent confisquées des plantes qui approvisionnaient plus d’une centaine de membres d’une association féminine. Fernanda est un exemple de dévouement et un aboutissement idéal de cette liste de femmes fortes qui ont toujours porté fièrement les couleurs du cannabis.


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